Toujours une tête en l’air. À scruter les nuages. À y deviner une fugace vache ou un cochon fugitif. Ou, plus insolite encore, une tête de cheval sur un corps de poule. Et pourquoi pas un éléphant qui galope à la vitesse d’un cumulus qui traverse la campagne bretonne. Si vous voyez ces formes bizarres dans les nuages, les psychologues vous le diront : vous êtes atteint de paréidolie. Autrement dit vous êtes sujet à une forme bien particulière d’illusion d’optique. Cette faculté à déceler des formes dans les nuages, sur le tronc d’un arbre ou sur la Lune, serait héritée de notre évolution au cours des âges.
Pour optimiser nos chances de survie, notre cerveau structurerait en effet son environnement en permanence : proie, prédateur, congénère. Deux cents mille ans d’histoire ne sont pas parvenus à ramener Homo sapiens à la raison. Le fallait-il d’ailleurs ? Sans doute pas. Pendant des millénaires, cet imaginaire a stimulé l’imagination des habitants des campagnes qui n’avaient d’autre horizon que la voûte céleste les surplombant. Alors, aujourd’hui, pourquoi se priver de ce monde fantastique ? À l’heure où tous ces citadins marchent dans les rues les yeux rivés au sol et le regard triste, les ruraux jouissent de cet énorme privilège de lever les yeux vers le ciel sans craindre son prochain et avec ce léger espoir d’y discerner de drôles de bêtes qui égaient leur quotidien et fleurissent leur imagination.