Le 22 février, Emmanuel Macron a prononcé un discours de projet et d’avenir devant 1 000 jeunes agriculteurs invités à l’Élysée. Ses propos étaient inévitablement émaillés de réponses aux préoccupations immédiates des agriculteurs. Difficile d’en faire l’impasse dans le contexte actuel. Mais l’urgence et le présent n’étaient pas le socle du discours du président qui souhaite « penser la modernisation profonde de l’agriculture et aller au-delà des impasses sociales, humaines face auxquelles nous sommes aujourd’hui trop souvent.» Deux jours avant l’inauguration du Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron s’est donc placé sur le registre d’une « vraie révolution culturelle ».
Pas avec la génération en place dont 40 % ne seront plus là en 2020, mais avec « la nouvelle génération». Son discours s’inscrit pleinement dans sa pensée économique pour la France du XXIe siècle. Une politique « de salut public », comme le décrypte le sociologue et philosophe Edgar Morin (Le Monde, 22 février) : « Une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine ; une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés (…) au profit de l’agriculture fermière, raisonnée et bio.» Tout au long du discours du président prononcé devant la jeunesse agricole, le fil de cette révolution (agri)culturelle était sous-jacent.
Un discours aux antipodes des « postures historiques insupportables » qu’il a dénoncées non sans décocher une flèche en direction de ceux qui « travaillent à maintenir le statu quo ». Entendra qui voudra… Le 22 février, Emmanuel Macron s’est résolument attelé à pousser les portes du futur pour et par la nouvelle génération agricole qui, jeunesse oblige, croit en sa « capacité à changer les choses ».