Lorsque l’on parle du faible prix du blé français, on a vite tendance à incriminer la concurrence russe et le taux de change défavorable de l’euro face au dollar. Mais il y a aussi le rythme de croissance de l’utilisation du blé, qui ralentit, à prendre en compte. La cotation du blé français se cale avant tout sur le prix mondial. Ce dernier stagne sur un prix plancher d’environ 140 $/tonne depuis deux saisons. C’est un niveau plus faible que celui atteint après la débâcle financière de 2008 (170 $/t). Et la raison de ce prix au ras des pâquerettes, est tout autant à chercher du côté de la demande, que de l’offre. En effet, sur la période 2013-2018, la progression annuelle de la production mondiale a été de 2,9 % (hausse des rendements) contre 1,8 % pour la consommation. Les cinq précédentes années, le taux moyen avait été respectivement de 1,8 % et 2,1 %. On voit donc que le rythme de croissance de l’utilisation du blé a ralenti sans que les producteurs ne le prennent en compte. Comme si le marché n’envoyait plus aucun signal… Faible demande préoccupante Pour beaucoup, la demande ne semble pas un problème. Pas un jour, en effet, sans que le marché n’égrène les appels d’offres en provenance d’Égypte, d’Algérie, du Nigeria, du Bangladesh ou de l’Indonésie. D’ailleurs, ce dernier pays est devenu le premier importateur mondial, devançant l’Égypte pour la première fois en 2017. En cause, des raisons agronomiques (pas de production locale), démographiques, économiques mais aussi politiques (embargo sur le maïs, quota sur la farine). L’Indonésie semble pourtant l’arbre qui cache la forêt. Toutes les prospectives vantent la hausse des classes émergentes et de leur pouvoir d’achat, censée faire évoluer le modèle alimentaire du riz ou du manioc vers le blé, et des céréales vers la viande. La faible progression de la demande en blé constatée ces dernières années, semble donc particulièrement préoccupante, ne serait-ce que…
À la recherche de la consommation perdue…