Vendredi 23 mars, une trentaine d’étudiants de La Ville Davy à Quessoy se sont retrouvés à Yffiniac pour un après-midi sous le signe de l’agronomie.
[caption id= »attachment_33923″ align= »alignright » width= »179″] Yvon Rouxel, éleveur à Yffiniac (22)[/caption]
Les élèves de BTS Acse de la Ville Davy sont venus réaliser des profils culturaux chez Yvon Rouxel, éleveur à Yffiniac, sous l’œil avisé de Pierrick Sorgniard, animateur au Gouessant, et de Claude Fillâtre, enseignant de l’établissement. Objectif : comparer le sous-sol de deux parcelles voisines, l’une travaillée en techniques culturales simplifiées (TCS) et l’autre labourée.
Vie du sous-sol
« La présence de vers de terre est un révélateur important de la santé d’un sol », démarre Claude Fillâtre. « On dit qu’ils représentent 70 % de la biomasse sur terre ! » Le premier exercice proposé aux étudiants consistait ainsi à faire le décompte de ces êtres vivants sur une surface d’1 m2. Malgré la pluie, à première vue, aucun « buzuc » à l’horizon. Alors pour les faire sortir rapidement, les agronomes ont une méthode efficace : un verre de moutarde, urticante pour les vers, mélangé à de l’eau et épandue à l’arrosoir sur le sol à étudier. « Il y a 3 types de vers de terre, les anéciques, les épigés, et les endogés.
Chaque espèce a ses propres caractéristiques, sa longévité et sa profondeur de « travail ». Si l’on passe la charrue, on vient perturber leur cycle de reproduction », détaille Yvon Rouxel qui travaille en TCS depuis 17 ans sur ces parcelles au sous-sol argileux. Et Pierrick Sorgniard de compléter : « Les épigés, les plus petits, restent en surface. Ils mélangent la matière organique que vous apportez avec la surface de la terre. Leur durée de vie est de 3 à 6 mois et ils se renouvellent de manière importante. On les retrouve plus facilement sur des pâtures plutôt que sur des cultures. Les endogés, eux, ne sortent pas, sont translucides ou verdâtres, et brassent l’ensemble du sol dans tous les sens.
Enfin les anéciques, les plus grands, montent et descendent dans le sol, créant une aération verticale qui facilite le drainage ». C’est également cette dernière espèce qui est responsable des turricules visibles en surface, ces petits amas de déjections riches en azote, potasse, calcium et magnésium.
Labour ou non-labour, une vraie différence ?
Là où habituellement on peut dénombrer plus de 100 individus / m2, sur les deux parcelles étudiées ce jour-là, les élèves de BTS n’ont retrouvé que quelques dizaines de vers pour la partie menée en TCS contre seulement… 4 pour la partie labourée. Des résultats d’observation à prendre avec du recul car « de nombreux critères rentrent en compte dans la prolifération de ces auxiliaires, à commencer par le pH qui doit être proche de la neutralité, autour de 6,5. De même, un sol couvert en hiver évite l’agression du sol et favorise la vie dans le sous-sol. » Et Pierrick Sorgniard de préciser : « Les vers de terre n’aiment pas les sols sablonneux comme ici car ça les irrite. Ils ne s’y plaisent pas. »
Les étudiants, ravis de cette journée sur le terrain, les mains dans la terre et les têtes au grand air, ont quitté la plateforme sur les derniers mots des organisateurs : « L’agronomie permet, en outre, de pouvoir pratiquer une agriculture différente, avec peu voire pas de chimie. Il ne faut pas voir cela comme un retour en arrière mais bien comme une pratique de demain ».
[caption id= »attachment_33925″ align= »aligncenter » width= »720″] Sur cette parcelle d’Yvon Rouxel, le profil de sol réalisé laisse apparaître une couche d’argile (terre jaunâtre dans le fond).[/caption]