EGAlim : Monter en gamme pour se protéger des importations ?

Georges Galardon, Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France et Olivier Allain échangent sur les lois qui découleront des États généraux de l’alimentation. - Illustration EGAlim : Monter en gamme pour se protéger des importations ?
Georges Galardon, Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France et Olivier Allain échangent sur les lois qui découleront des États généraux de l’alimentation.
Olivier Allain, coordinateur des États généraux de l’alimentation, était invité à l’assemblée générale de Coop de France. Il a répondu à quelques préoccupations des responsables de coopératives.

La montée en gamme est l’un des axes forts des États généraux. « Il faut un prétexte pour que la distribution paie nos produits plus chers », assure Olivier Allain « Nous n’aurons pas de prix sur des produits basiques. Il faut augmenter la part des produits différenciés ». Du non OGM, des Oméga 3, du « sans antibiotique » ou « sans pesticides ». Les présidents de coopératives sont dubitatifs. « Au final, le consommateur regarde le prix, en premier lieu », objectent-ils. Quant à la production sans certains pesticides, la réticence est manifeste. « Il faudra alors mettre des barrières aux importations de pays ne respectant pas les mêmes règles ».

La séparation du conseil et de la vente d’intrants semble de plus en plus inévitable, sous la pression sociétale. « L’application de certains traitements est un gage de qualité de la production légumière récoltée mécaniquement (risque de refus des récoltes des légumes industrie). Si on sépare le conseil de la vente, qui prendra la responsabilité en cas de problème ? », s’interroge Georges Galardon, président de Triskalia. La diminution de 45 % de l’usage des antibiotiques en élevage, ces dernières années, montre, selon les coopérateurs, que cette séparation conseil-vente n’est pas toujours nécessaire pour limiter les intrants.

Budget des ménages

Pour Olivier Allain, c’est la montée en gamme qui permettra de se protéger des importations de produits standards provenant de pays où les coûts de production sont plus faibles (Espagne pour le porc, Irlande pour le lait, Pologne pour la volaille…). « Elle implique une hausse des prix que le consommateur devra assumer », concède-t-il, en rappelant la part de plus en plus faible (trop ?) de l’alimentation dans le budget des ménages. La loi alimentation qui prévoit, entre autres, l’augmentation du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions coûtera jusqu’à 5 milliards d’euros par an aux consommateurs, selon UFC Que choisir. « 5 milliards, cela ne représente que 177 € par ménage », précise Olivier Allain. « L’intérêt social des promotions est discutable. Elles profitent aux ménages qui peuvent stocker, pas aux plus démunis ». Thierry Coué, de la FRSEA, s’agace : « on a toujours fait de la montée en gamme. C’est une exception agri-culturelle qu’il faudrait pour s’opposer aux importations ».

Protéines

Georges Galardon soulève la problématique de la production sans OGM qui suppose un plan protéines de grande ampleur. Or, la Commission européenne a proposé de revoir à la baisse la part des biocarburants de 1re génération dans les transports. La filière Diester pourrait en souffrir. Sans huiles de colza, pas de tourteaux européens. « Nous devons créer de la cohérence ; éviter d’importer du soja et d’exporter des céréales », reprend le coordinateur national des États généraux.

« L’agro-écologie, avec l’allongement des rotations (production de protéagineux), n’est pas un boulet. Au contraire, elle permet de limiter les intrants. Les agriculteurs qui s’y engagent s’en sortent mieux ». Autre sujet évoqué lors du débat : les 5 milliards, sur cinq ans, annoncés par le gouvernement pour la compétitivité de l’agriculture. Les arbitrages sont prévus pour les semaines à venir. Olivier Allain demande des aides directes, préférables aux leviers tels que les garanties d’emprunts.


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