Agriculteurs conventionnels ou bio, ils s’intéressent à la protection de la biodiversité sur leurs fermes. Pollinisateurs, auxiliaires des cultures et micro-organismes leur rendent de nombreux services.
Si beaucoup d’agriculteurs savent qu’une prairie produit deux fois plus de biomasse dans le sol qu’au-dessus, avec des bovins, peu d’entre eux savent qu’un vieil arbre, un chêne par exemple, abrite jusqu’à 250 espèces d’insectes ou d’arthropodes. Qu’une abeille visite, en une heure, 700 fleurs en moyenne. Que la longueur totale des racines d’un hectare de maïs au moment de la floraison fait deux fois la circonférence de la Terre (80 000 km).
Ou encore qu’une vieille prairie fertilisée uniquement avec du fumier comporte plus d’espèces végétales qu’une prairie qui n’est plus exploitée. Noël Danilo, éleveur laitier à Ploërmel (56) le sait. Il s’est engagé dans le programme BiodiversID il y a quelques années, comme d’autres agriculteurs français. Il a commencé, en 2012, par faire de simples comptages d’abeilles sauvages et domestiques, de guêpes et de syrphes sur son exploitation de 67 hectares. Pour satisfaire aux besoins du programme. Aujourd’hui, il observe la faune auxiliaire, les ravageurs des cultures, les carabes et bien d’autres espèces. « C’est très intéressant, mais attention ! Mon objectif reste de produire 450 000 litres de lait chaque année ».
L’exploitation comptait, dans les années 2000, 6 kilomètres de talus. L’éleveur en a aménagé trois autres depuis, plantés d’arbres et d’arbustes, notamment dans le cadre du programme Breizh Bocage. « Les essences sont variées. J’accorde un intérêt particulier aux dates de floraison des espèces pour assurer une continuité sur une longue période. Les mois de mai et juin peuvent être critiques pour les abeilles qui manquent de nourriture. Les fleurs de pommiers, comme celles de la bourdaine peuvent combler ce manque ».
Corridors végétaux
Il a créé des corridors végétaux de quelques mètres de largeur à certains endroits de son parcellaire pour assurer une continuité écologique entre les bosquets, les haies et les points d’eau. En limite de parcelles, là où le rendement des cultures est généralement moindre, il sème des mélanges mellifères de diverses graminées, de luzerne, de trèfles, de minette et de lotier. Depuis 15 ans, il s’interdit tout débroussaillage chimique. « Cela permet de préserver les ronciers, véritables garde-manger pour beaucoup d’espèces. Ils sont une source mellifère importante en été pour les abeilles, à une période où la plupart des autres espèces ont terminé leurs floraisons. »
Peu chronophage
Tous les ans, dans le cadre du programme BiodiversitéID, un bilan annuel est réalisé par le comité de suivi technique avec des propositions d’amélioration. L’éleveur a fabriqué des nichoirs pour les pollinisateurs et les papillons. « À la couleur que prend le nid, on sait de quel type d’insecte il s’agit ». Il devient un observateur attentif des oiseaux, des perdrix notamment. De mars à octobre, il réalise des comptages réguliers de toutes les espèces visibles sur une bande de culture, définie à l’avance, de 2 mètres de largeur sur 100 mètres de longueur. « Avec un peu d’habitude, cela ne prend pas trop de temps », rassure-t-il, devant des adhérents du groupe de développement Idrea de Ploërmel, un peu sceptiques. L’agriculteur en sourit, tente de transmettre sa passion et de convaincre ses collègues d’adhérer à une telle démarche. Il démontre que l’agriculture conventionnelle peut contribuer à la protection de la biodiversité et qu’il est, avant tout, un agriculteur épanoui dans son environnement.
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