Un groupe d’agriculteurs forme un équipage qui va prochainement participer aux championnats de France d’aviron de mer. Une équipe soudée, un sport qui aide au quotidien.
Un samedi matin, sitôt les travaux quotidiens de la ferme réalisés, des agriculteurs se rejoignent rapidement sur la page du Trez-Hir, en Plougonvelin (29). Les gestes préparatifs vont bon train, le bateau est mis à l’eau. Rapidement, il s’éloigne de la côte, rejoint le fort de Bertheaume. Là, l’Atlantique fait tanguer l’embarcation. Pourtant, les marins du jour tiennent bon : les cinq hommes qui composent l’équipage se préparent au championnat de France d’aviron de mer, qui se tient cette année en pays d’Iroise.
Du porc au port
Sur le bateau, composé de 4 rameurs et d’un barreur, la cohésion est une évidence. Les gestes requièrent technicité et cadence. « De 24 à 25 coups de rame par minute, nous pouvons monter à 28 coups à l’entraînement », confie Gwenaël Lannuzel, barreur du jour. Ce rôle dans le bateau demande un sens unique de la mer. « Le barreur est en quelque sorte le capitaine de l’équipe, dans lequel tous les rameurs ont une entière confiance ». Pour ce qui est des rameurs, ce sont surtout les muscles des cuisses qui entrent en action. « Il faut ramer ensemble, en calant bien les pelles, en les laissant dans l’eau jusqu’au bout, avec le maximum d’ampleur. C’est un sport de glisse, et il faut ramener les rames lentement et régulièrement, sous peine de mettre du poids à l’arrière du bateau, ce qui reviendrait à appuyer sur la pédale de frein ». Pour Michel Le Hir, producteur de porcs à Locmaria-Plouzané (29), ce sport se pratique facilement. « J’ai démarré l’aviron en venant amener mon fils à l’école, car j’avais ensuite un créneau d’une heure devant moi ». Voilà maintenant 16 ans qu’il n’a cessé de naviguer.
[caption id= »attachment_34246″ align= »aligncenter » width= »720″] L’équipage est exclusivement composé d’agriculteurs qui s’adonnent à ce sport complet depuis plusieurs années.[/caption]
Voir d’autres horizons
Christian Lannuzel, agriculteur sur la commune finistérienne, produit seul du lait sur son exploitation. « C’est une façon de voir autre chose, d’être bien dans sa tête. Je m’organise pour que le travail soit fini avant de sortir en mer », témoigne-t-il. Ainsi, pour les championnats de France qui se sont tenus à Saint-Malo (35) en 2010, les vaches de l’exploitation ont donné leur lait dès 4 h du matin. L’agriculteur ajoute que « la traite engendre des tendinites. En pratiquant l’aviron, nous faisons travailler d’autres parties du corps, cela nous aide ».
Même sentiment chez Benoît Le Moigne, producteur de lait sur Plouzané (29). « J’ai oublié mes problèmes de genoux depuis que je pratique », confie-t-il. L’embarcation utilisée pour pratiquer l’aviron de mer diffère quelque peu de celle de rivière.
[caption id= »attachment_34244″ align= »aligncenter » width= »720″] Le splendide cadre que propose Plougonvelin sera forcément apprécié par les concurrents, comme ici près du fort de Bertheaume.[/caption]
Surfer sur la vague
« Il est plus large, autovideur », explique Xavier Hervé, président du comité organisateur des prochains championnats de France. Sur mer, le bateau peut « surfer les vagues. Ce peut être une stratégie de course lors de la régate, en s’écartant du groupe pour profiter des vagues ». Les conditions finistériennes sont d’ailleurs excellentes pour pratiquer le sport, avec « des conditions atlantiques, où les vagues sont plus espacées. En Méditerranée, elles sont plus courtes et plus fortes ».
Un sponsor les pieds sur terre
Pour aider sur les aspects logistiques, mieux vaut être équipé quand on s’adonne à l’aviron de mer, les championnats ayant lieu dans les villes littorales françaises. L’équipe d’agriculteurs rameurs peut compter sur le soutien de son sponsor, la Sopam, entreprise de prestations agricoles et maraîchères basée à Plouédern (29), partenaire depuis sept ans. Si Bertrand Tanguy, représentant la société soutient depuis la terre ferme les sportifs, le camion floqué des rameurs sillonne les routes de France, « pour aider au transport du matériel ». Sur mer, les couleurs bretonnes sont bien visibles, le lien agricole aussi.