La précision au service de la robustesse

Vue d’ensemble d’une charpente en double chapelle en treillis en construction à Loguivy-Plougras. - Illustration La précision au service de la robustesse
Vue d’ensemble d’une charpente en double chapelle en treillis en construction à Loguivy-Plougras.
Modernité et tradition. Cette entreprise familiale propose tout type de charpente : bois et métallique. Zoom sur un chantier agricole de 3 000 m2 à Loguivy-Plougras dans les Côtes d’Armor.

Ce-jour de février, il fait froid et sec. Après de longues semaines de pluie, les conditions idéales sont réunies pour monter un bâtiment laitier dans une exploitation de Loguivy-Plougras (22). En quelques jours, la boue a disparu. Certes, avec seulement 4-5 ° C, les mains des salariés souffrent un peu et les crevasses affleurent. Pour ce bâtiment qui couvrira 3 000 m2 au sol, l’entreprise Kermeur Construction a réuni deux équipes sur le chantier : huit salariés sont à l’œuvre. « En une semaine, le montage de la charpente sera achevé », estime Didier Bellec qui avec Martine, son épouse, gère l’entreprise de construction créée par son père. Mais avant d’être debout, cette construction, composée de deux bâtiments de 16 m de portée chacun et séparés par un couloir d’alimentation, a été modélisé sur ordinateur.

Une scie numérique optimise les coupes

« À partir du plan, nous rentrons les cotes dans notre logiciel de conception 3 D qui nous permet de visualiser le bâtiment fini », explique Martine Bellec. Et de poursuivre : « Mais surtout, le logiciel fournit toutes les longueurs et angles de coupe de tous les éléments qui constitueront l’ouvrage ; jusqu’aux plus petites pièces comme les échantignoles. Ces données de fabrication sont ensuite transmises à notre scie numérique qui va optimiser les découpes des pannes, poinçons, étrésillons, jambes de force, etc. Nous pouvons percer et boulonner les pièces avec précision ». Les équipes peuvent dès lors assembler les treillis. « La charpente ainsi pré-montée est alors prête à être livrée sur le chantier. Il ne reste plus qu’à assembler les treillis aux poteaux avant l’opération de levage », poursuit Didier Bellec dont l’entreprise est agrée Charte Qualité Bâtiments par le comité régional bâtiments (CRB).

[caption id= »attachment_34086″ align= »aligncenter » width= »720″]Le gousset en Kerto – qui relie le poteau et les deux poutres horizontales – donne de la rigidité et maintient l’écartement. Le gousset en Kerto – qui relie le poteau et les deux poutres horizontales – donne de la rigidité et maintient l’écartement.[/caption]

De grandes portées en bois

Le choix de réaliser une charpente en treillis bois, en lamellé-collé ou métallique tient d’abord à une décision du client ou de contraintes particulières. « Mais quelle que soit la solution retenue, on arrive à proposer des solutions adaptées, avec des grandes portées, avec tous ces matériaux », explique Didier Bellec. Et de préciser qu’il mixte parfois les solutions : « Comme ici sur ce chantier de Loguivy-Plougras où une poutre en lamellé-collé de 12 m a été disposée sur une grande longueur en position transversale entre la stabulation et la salle de traite positionnée à 90° ».

« Mais ceci dit, la charpente treillis correspond bien aux dimensions des constructions agricoles destinées à l’élevage bovin. L’assemblage boulonné forme des triangles qui répartissent bien les forces et sont indéformables. Le principe avec ce type de charpente est de construire en chapelle avec des travées jusqu’à 6,50 m. Au-delà, les coûts progressent car les sections et les longueurs augmentent », explique ce charpentier qui ne manque pas d’arguments pour pointer la robustesse de ses constructions. « Nous voulons du précis, mais aussi du solide », dit-il, en citant les 120 boulons que compte chaque ferme pour une portée de 16 mètres. « De même, au niveau des pannes, j’ai des règles : du 75/200 pour une travée de 5 m ; du 75/225 jusqu’à 5,70 m ; du 75/250 jusqu’à 6,50m. »

Du bois à croissance lente

Chez Kermeur Construction on est également sensible à la qualité du bois. « Nous nous fournissons beaucoup sur l’Allemagne et en Europe du Nord. Compte tenu du climat plus froid, les arbres y poussent plus lentement. La fibre est plus serrée et le bois affiche une meilleure résistance ». Pour autant, le bois de construction étant un pro-duit vivant, chaque panne est visée avant sa fixation : « Nous mettons toujours le côté le plus bombé sur la face supérieure. Cela évite d’accentuer une éventuelle déformation du toit avec le temps ». La même rigueur est observée pour le choix des poteaux en chêne. « Pour cette construction de Loguivy-Plougras, nous avions rentré des poteaux de 250/200 cm. De la belle qualité », observe Didier Bellec en passant sa main de connaisseur sur un poteau prêt à prendre de la hauteur. 

Triply, Kerto et lamellé-collé

Des mots que l’on entend souvent quand on parle de charpente. Les deux premiers matériaux sont parfois utilisés aux points de jonction les plus sollicités (gousset, poinçon, etc.).

  • Le triply est un panneau à base de bois constitué de lamelles minces, longues et orientées. Ce panneau convient pour des emplois travaillant sous contraintes élevées, en milieu humide.
  • Le Kerto est un assemblage de feuilles de bois collées fil à fil. De structure homogène, il est extrêmement résistant et stable. Ses propriétés à la flexion, à la traction, à la compression sont très élevées. 
  • Le lamellé-collé est un assemblage par collage sous pression de lamelles de bois rabotées et aboutées. Son intérêt est d’une part la fabrication d’une pièce de grande dimension et sa résistance mécanique.


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