La production de semences fourragères présente un intérêt économique, mais aussi agronomique. En outre, il est encore possible d’améliorer sa marge brute, que ce soit par la valorisation des fauches ou des gains en séchage. C’était le thème de la journée technique « fourragères porte-graines » du 1er mars dernier à Saint-Caradec (22).
La station de semences de Triskalia organise régulièrement des journées techniques pour ses adhérents producteurs de semences. Ainsi, le 1er mars, malgré une météo neigeuse, une soixantaine d’entre eux était rassemblée à Saint-Caradec. Au programme de cette journée, les fourragères porte-graines : ray-grass anglais, italien, hybride, fétuque élevée et trèfle violet. La multiplication de ces espèces représente plus de 600 ha.
[caption id= »attachment_34480″ align= »aligncenter » width= »720″] Les producteurs de fourragères porte-graines se sont retrouvés pour échanger sur la fauche et la valorisation des cultures.[/caption]
Valorisation de la fauche et des pailles
En plus de la récolte des graines, le deuxième atout de la production de semences fourragères est la valorisation des fauches et des pailles. Anthony Uijttewaal, ingénieur Arvalis, a ainsi souligné l’intérêt de la fauche en ray-grass italien et hybride. Ces deux fourrages sont caractérisés par leur haut pouvoir de digestibilité. Les pailles issues de la récolte, quant à elles, deviennent un complément de fourrage intéressant. On le réservera cependant aux jeunes bovins. Enfin, après la récolte des graines fourragères, la parcelle pourra être destinée au pâturage. Autre levier de valorisation des pailles de fourragères : l’utilisation en litière, en association avec des pailles de céréales, ce qui permet de pallier leur faible pouvoir absorbant.
Fauchage-andainage : gain de séchage
Les fourragères porte-graines sont récoltées en général entre 20 et 35 % d’humidité, puis ramenées à la norme de 12 % dans un séchoir à plat. Là encore, des leviers existent pour améliorer la marge de la culture. Pour Christian Étourneau, ingénieur machinisme à la Fnams (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences), le fauchage-andainage est une technique à développer. La fauche favorise la dessiccation naturelle des graines, ce qui diminue nettement le taux d’humidité à la récolte. Cela limite les points d’échauffement après récolte et les frais de séchage sont réduits. En outre, la végétation est plus sèche, ce qui permet un battage plus facile (notamment dans une parcelle avec beaucoup de regains) et donc un débit de chantier plus important. Cette technique est une alternative à l’utilisation d’un dessiccant chimique avant battage pour la récolte du trèfle violet.
Le climat breton est-il un handicap ?
D’après le professionnel de la FNAMS, pas d’inquiétudes si l’andain prend la pluie, au contraire, on peut avoir moins de pertes par égrainage. En effet, une culture sur pied à maturité perdra plus de graines, qu’une culture fauchée. Et puis, en cas de pluie sur fauche, elle séchera tout de même plus rapidement que sur pied après la pluie.
Quand déclencher la fauche ?
La fauche en graminées doit être déclenchée une semaine avant la date d’une récolte en direct, très tôt le matin. La graine est alors à 40 % d’humidité et devrait atteindre les [15-16 %] d’humidité le jour de la récolte. Des éléments sont à prendre en compte pour bien préparer la récolte : réguler la culture, couper haut, éviter les tas, éviter de rouler sur les « andains », raisonner largeur de fauche et largeur du matériel de reprise de l’andain. En trèfle violet, on fauche au moment où l’on appliquerait le défanant, c’est-à-dire à 80 % de têtes brunes.
Philippe André, multiplicateur à Saint-Caradec, s’est équipé d’une faucheuse rotative et d’un pick-up de reprise adaptés à sa moissonneuse. Après avoir testé cette technique sur trèfle violet, ray-grass anglais et blé noir, il est aujourd’hui convaincu de son intérêt. C’est sur son exploitation que s’est terminée cette belle journée d’échanges. Chacun a ainsi pu partager son expérience autour du matériel.
[caption id= »attachment_34481″ align= »aligncenter » width= »720″] Échanges autour du matériel chez Philippe André, producteur de semences à Saint-Caradec.[/caption]
Recherche
Mickaël Tardivel / Maryline Ruelloux