Le tarissement « antibiotique » n’est pas automatique

Une mamelle non infectée au tarissement et qui n’a pas eu de mammite sur les 3 mois précédents peut être protégée uniquement par des obturateurs internes. - Illustration Le tarissement « antibiotique » n’est pas automatique
Une mamelle non infectée au tarissement et qui n’a pas eu de mammite sur les 3 mois précédents peut être protégée uniquement par des obturateurs internes.
Le but du tarissement est de permettre l’involution du parenchyme mammaire de la vache afin qu’il puisse à nouveau grandir dans les semaines qui précèdent le vêlage et produire du colostrum, puis, du lait en quantité et de la meilleure qualité possible.

La sélection génétique des vaches et, en particulier, des Holstein, fait que le sphincter qui est censé tenir le quartier bien fermé a, parfois, des signes de faiblesse. Normalement, un bouchon de kératine lui est associé car il empêche que les bactéries remontent le canal du trayon. Le critère génétique « résistance aux mammites » prend en compte ces critères. Les phases critiques où le sphincter est fortement sollicité se situent au moment du tarissement et du vêlage. Une vache qui perd du lait au moment du tarissement ou avant le vêlage a le sphincter ouvert. L’objectif est d’avoir un taux de guérison au tarissement supérieur à 75 % et un taux de nouvelles infections inférieur à 10 %.

Quand est-ce qu’une vache est considérée comme saine ?

On distingue les primipares des multipares. Une vache est considérée comme saine si elle n’a pas eu de mammites ni de montées cellulaires pendant les 4 derniers mois de lactation. Il est aussi nécessaire de faire un plateau « CMT* » afin de vérifier qu’il n’y a pas eu de contamination entre le dernier contrôle et le tarissement. Cela permet aussi de détecter un quartier qui serait un peu haut alors que les 3 autres sont très bas. Au niveau des cellules, une primipare est considérée comme saine si son taux cellulaire est inférieur à 100 000 cellules ; 150 000 pour une multipare.

On prend aussi en compte le taux cellulaire global du tank : lorsqu’il est supérieur à 200 000 cellules, la pression d’infestation dans le troupeau est importante ; ce qui conduit à redoubler de vigilance le jour du tarissement.

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Une vache saine a-t-elle besoin d’antibiotique ?

Théoriquement, non. Si elle est saine, elle n’a pas de bactéries pathogènes dans le pis. L’antibiotique n’aura pas d’effets sauf si une bactérie venait à rentrer durant le tarissement. Si on prend les mesures d’hygiène nécessaires, on peut se contenter de ne mettre que des obturateurs qui empêcheront toute bactérie de rentrer. Très souvent, l’antibiotique est une assurance voire un palliatif à une hygiène insuffisante.

*California Mastitis Test

Sylvie, Henri, Vincent et Stéphane Daugan, du Gaec Duchée Fieux (120 vaches laitières) à Saint-Onen-la-Chapelle (35)

Selon vous, en quoi le tarissement est important ?

Le tarissement conditionne le démarrage de la prochaine lactation. Un bon tarissement, c’est une façon de bien préparer la lactation suivante.

Comment procédiez-vous par le passé ?

En fin de lactation, on trayait la vache pour vider le pis puis nous mettions d’office un antibiotique de tarissement sur les 4 trayons et sur la totalité du troupeau. C’était une habitude ; tarissement rimait avec antibiotique. Concernant les obturateurs, nous les mettions en hiver car les vaches fraîchement taries rejoignaient les vaches déjà taries et nous ne voulions pas qu’elles contaminent l’aire paillée et, du coup, les autres vaches. Les vaches qui avaient encore beaucoup de lait au moment du tarissement ou qui avaient tendance à avoir des pertes de lait importantes et fréquentes avaient aussi des obturateurs. Au niveau des résultats, ils étaient satisfaisants même si nous avions encore des mammites au vêlage essentiellement sur des vaches qui étaient déjà fortement contaminées la lactation précédente.

Quelle a été votre réaction quand on vous a proposé de faire évoluer votre méthode ?

Nous sommes 4 associés. Certains étaient pour, d’autres, contre. La majorité étant pour, un essai a été fait sur quelques vaches. On a vu que les résultats étaient bons. L’associé réticent a ainsi été convaincu par l’essai et on a alors appliqué à tout le troupeau.

Pourquoi avoir changé ?

Le but est de limiter les antibiotiques pour maîtriser l’exposition du troupeau et, de manière induite, faire des économies. Il existe un slogan pour l’homme « les antibiotiques, c’est pas automatique « , on doit pouvoir l’appliquer à nos vaches. En plus, pour mieux valoriser nos produits, il faut répondre à la demande du consommateur. D’autre part, ne pas mettre d’antibiotique de manière systématique, c’est aussi limiter les résidus dans l’environnement.

Comment faites-vous en pratique et êtes-vous satisfaits des résultats ?

Nous mettons d’office un obturateur mais pas d’antibiotique sur les vaches les plus saines durant la lactation, c’est-à-dire à un taux cellulaire inférieur à 200 000 cellules sur toute la lactation et qui n’ont pas eu de mammite. Si on a un doute sur une vache, par exemple un quartier un peu plus dur, nous utilisons le test CMT. S’il est négatif, on ne met que les obturateurs. S’il est positif, la vache a des antibiotiques. Dans tous les autres cas, la vache a un antibiotique et des obturateurs l’hiver. Peut-être que nous allons mettre des obturateurs à l’ensemble des vaches. Concernant l’hygiène du tarissement, nous n’avons rien changé. Par contre, nous sommes beaucoup plus sereins au vêlage concernant la remise du lait dans le tank. En cas de vêlage précoce, par exemple, nous n’avons pas à nous poser la question du temps d’attente qui peut parfois être long. Sur 60 vaches qui n’ont eu que des obturateurs, une seule a eu une mammite au vêlage, soit 1,6 %. De plus, des vaches taries avec antibiotiques et obturateurs ont eu des mammites. Aucun des systèmes ne fonctionne à 100 %. Il faudrait une catastrophe pour faire marche arrière. Nous allons dans le bon sens.


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