« Un égalitarisme devenu fou ». Pour le philosophe Francis Wolff, l’animalisme se fonde sur une idéologie fragile et inepte.
Quand le philosophe spécialiste des relations hommes/animaux affirme que le « véganisme est une mode » – qui par définition finira par passer –, il ne dit pas aux éleveurs de ne pas tenir compte du message des abolitionnistes de l’élevage. Au contraire, il les invite à s’intéresser au plus près du bien-être des animaux, ou plus exactement de leur bientraitance. « Car il y a une révolution des sensibilités », a insisté Francis Wolff qui intervenait mardi dernier, à Carhaix (29), à l’assemblée générale d’Agriculteurs de Bretagne.
La bête devient un animal non humain
Autrement dit, du matraquage opéré par les associations animalistes, il en restera une société attentive au sort des animaux. D’autant plus que les associations de « défense » des animaux ne sont pas les seules à peser dans la balance. « L’écroulement des religions monothéistes en Occident », qui plaçaient clairement l’animal en dessous de l’homme, a contribué à élever la bête dans le rang des créatures vivantes : « Pour être politiquement correct on doit d’ailleurs dire animal non humain », s’amuse le philosophe.
Ce concept est conforté par les neurosciences qui ne cessent de répéter qu’il y a peu de différence de patrimoine génétique entre un homme et un chimpanzé, voire un porc. S’ajoute le changement de rapport à l’animal dans une société de plus en plus urbanisée : l’animal, c’est d’abord le chien ou le chat avec qui on a un rapport affectif. À l’opposé se trouve l’animal sauvage que l’on doit préserver ou sauvegarder. Et, entre les deux, l’animal de rente, cible de tous les extrémismes.
Respecter les 5 libertés
Francis Wolff estime que les filières agricoles ont « deux armes » pour lutter contre l’idéologie de « ces mouvements en déshérence »: l’écologie et le bien-être animal. « La domestication préserve les animaux d’élevage du stress, des prédateurs, de la faim, etc. En contrepartie l’animal fournit son lait, sa viande ». C’est un peu une sorte de contrat entre l’homme et l’animal. D’où l’intérêt et le devoir pour les éleveurs de respecter les 5 libertés définies par le Farm Animal Council en 1992. C’est une condition d’acceptation de l’élevage par la société. « Les pays du Nord de l’Europe se sont plus prématurément investis dans cette voie. Aujourd’hui, ils n’ont pas de mouvement abolitionniste ».