Pénurie dans les hangars bretons. Plus un round de paille malgré des rendements de 4-4,5 t/ha lors de la dernière récolte. Cette situation exceptionnelle résulte d’une rentrée précoce des bovins et d’un hivernage qui s’est éternisé. Une à deux semaines de stabulation en plus représente 10 à 15 % de besoins supplémentaires. La pénurie de paille est d’autant plus forte que l’été 2017, très sec dans de nombreuses régions françaises, a créé un appel d’air dès la récolte. Sans négliger que le développement du broyage de litière pour poulailler génère une demande supplémentaire.
Résultat, un véritable « marché européen de paille s’est créé », observe un transporteur relevant que la paille livrée en Bretagne vient actuellement… d’Espagne. Une Bretagne qui se retrouve elle-même en concurrence directe avec les Pays-Bas confrontés à la même situation de pénurie. « Sur les 14 camions chargés chaque jour, un tiers prend la direction de la Hollande », explique ainsi un négociant du Maine-et-Loire. Conséquence de la concomitance de tous ces facteurs : la paille se négocie depuis mars à prix d’or, 150 €/t.
Autrefois cantonné à l’échelle locale – 10-15 km – le marché de la paille et des fourrages s’inscrit désormais sur l’échiquier international. Créant une certaine spéculation jusqu’ici inconnue et pas forcément profitable aux éleveurs. Quand en 2015 des Chinois se sont montrés intéressés par « l’importation en grande quantité de foin québécois », les éleveurs se sont montrés réticents face à l’incitation du Conseil québécois plantes fourragères du Québec (CQPF) d’organiser le marché du foin export. Avant de se raviser. « Avec la crise laitière, c’est peut-être une belle voie… ».