Se passer du glyphosate sera compliqué

Les agriculteurs bio se passent du chimique mais ont besoin du mécanique pour gérer les adventices. Des solutions qui peuvent s’avérer coûteuses en conventionnel. La robotique ouvre de nouveaux horizons.

Peut-on se passer du glyphosate dans nos systèmes de productions ? Alors que la France s’est engagée vers la fin de cette molécule en 2020, les questions demeurent du côté des producteurs. « Nous nous adapterons, mais sa suppression aura un coût lié à l’utilisation de molécules plus chères (dont on connaît mal la toxicité) et à des dépenses énergétiques plus fortes. Le glyphosate est un herbicide efficace et peu cher, au profil écotoxicologique intéressant. Dans les systèmes en semis direct sous couvert (qui apportent par ailleurs de nombreux bénéfices environnementaux), on ne peut pas s’en passer dans toutes les situations », a déclaré Bernard de La Morinière, producteur engagé pour une agriculture écologiquement intensive à Saint-Brieuc-des-Iffs.

Chimie indispensable sans travail du sol

Il est intervenu lors d’une soirée organisée par quatre étudiants en BTS Acse au lycée Les Vergers de Dol-de-Bretagne, le 7 février dernier. Selon la FNSEA, l’interdiction de l’herbicide coûterait 2 milliards d’euros par an aux agriculteurs français. « Nous avons créé une certaine dépendance aux produits chimiques qui permettent de gagner du temps, de gérer plus de surfaces… Sans travail du sol, la chimie reste indispensable. Par exemple, on ne sait pas gérer le chiendent sans solution chimique ou mécanique. Le glyphosate est notamment efficace sur les graminées qui résistent fortement au travail du sol », ajoute Jérémy Guil, conseiller de la Chambre d’agriculture 35.

Yann Corbeau s’est installé en agriculture biologique en 2014 à Plerguer (production porcine sur 44 ha). « Je me passe du glyphosate et des autres produits chimiques en allongeant les rotations. Mes terres sont labourées », explique-t-il.

[caption id= »attachment_34321″ align= »aligncenter » width= »720″]De gauche à droite : Jérémy Guil, conseiller de la Chambre d'agriculture 35, Bernard de La Morinière, agriculteur à Saint-Brieuc- des-Iffs, et Yann Corbeau, éleveur de porcs à Plerguer. De gauche à droite : Jérémy Guil, conseiller de la Chambre d’agriculture 35, Bernard de La Morinière, agriculteur à Saint-Brieuc-
des-Iffs, et Yann Corbeau, éleveur de porcs à Plerguer.[/caption]

Des dates de semis différentes

Sur l’exploitation, les rotations sur sept ans intègrent deux ans de culture de luzerne broyée sur place une fois sur deux (1 à 2 récoltes et 1 à 2 broyages par an). « Je fais varier les semis d’automne, de printemps et d’été sur mes parcelles pour un travail du sol à des périodes différentes et ainsi casser le cycle des adventices. J’ai recours au désherbage mécanique sur les cultures de printemps principalement. »

Des espoirs dans la robotisation

« Le désherbage mécanique est une voie qui se développe, mais qui est coûteuse par rapport aux herbicides. Et on doit agir dans des fenêtres précises », constate Bernard de La Morinière. Il évoque une autre approche : la robotisation pour du binage ou un désherbage localisé. « Le robot solaire Ecorobotix est expérimenté par la coopérative Triskalia sur légumes. Un logiciel de reconnaissance des adventices est en cours de programmation. »


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