Un prof de maths de lycée agricole se félicitait d’avoir mis au point un « algorithme » relatif à la croissance d’un veau. En fait, une fonction mathématique à deux inconnues qui met en évidence la perte de poids du veau dans les 3 jours qui suivent sa naissance, puis la reprise progressive de ce poids dans les 8 jours de vie suivants, stade à partir duquel le veau amorce sa croissance vers l’âge adulte. C’était au début des années 80. Quarante ans plus tard, ces « algorithmes préhistoriques » ont muté en formules mathématiques complexes. Si complexes que bientôt les robots de traite, devant lesquels se sont écarquillés tant d’yeux émerveillés par le progrès, paraîtront presque néandertaliens dans l’univers des futures technologies.
Stimulées par l’augmentation des salaires agricoles américains et la menace de Donald Trump d’expulser les sans-papiers, les start-up liées à l’agriculture se multiplient dans la Silicon Valley californienne. Les techies, ces férus de nouvelles technologies, sont formels : une nouvelle révolution aussi ébouriffante que fut la mécanisation dans les années 20, que la chimie et la génétique dans les années 70-80, est à la porte des fermes.
Et bien sûr, l’essor de « l’ag-tech » – comprendre agriculture technologique – apporte les solutions à tous les problèmes ! Ces innovations permettront à la fois, d’augmenter le rendement, de préserver l’environnement et d’apporter un meilleur bien-être aux travailleurs. Normal, il n’y en aura plus. Déjà les nouveaux « bots » (mignon diminutif pour nommer les robots) sont pourvus de vision artificielle qui leur permet de cueillir uniquement les fruits mûrs avec plus de douceur que la main humaine.
Mais, au fait, qui va acheter ces beaux fruits ? Des chômeurs pauvres et dépourvus ?