Depuis 45 ans, le Kan ar Bobl mélange les générations, les chants, les musiques et les contes, pour garder les traditions des ancêtres bretons.
Les dictionnaires donnent une définition du chant comme « une action par laquelle la phonation, intensifiée et variée, devient musique ». Les vibrations des cordes vocales des mezzo-sopranos, des barytons ou des basses couvrent l’ensemble des notes que la voix peut émettre, aussi appelées tessiture. Mais le chant ne s’arrête pas à ces données physiques de l’Homme : pour les participants du Kan ar Bobl, littéralement Chant du Peuple, une autre dimension est ajoutée, avec une volonté de perpétuer les traditions.
La transmission est mécanique
Le Kan ar Bobl est un concours de chant, de musique et de conte. Cet événement réunit des Bretonnes et Bretons de tous âges, dont la finale se tient ce 21 et 22 avril à Pontivy (56). « C’est avant tout un moment de rencontre pour que les gens continuent de pratiquer ces chants ou ces musiques », explique Gwendal Le Ruyet, président de l’association. Si un des objectifs est de mettre en avant les éléments de la culture bretonne, « les créations sont aussi présentes. Le Kan ar Bobl valorise le patrimoine oral, mais aussi ces créations, qui deviendront peut-être tradition dans 100 ans ».
En amont de cette finale, 17 rencontres de Pays se sont tenues entre janvier et mi-avril, destinées à choisir les participants de la finale. Pour cela, le Kan ar Bobl s’appuie sur des associations engagées dans la défense et la promotion de la culture et des langues de Bretagne, bien implantées sur leur territoire. Ces rencontres de Pays prennent différentes formes, du festival Roue Waroch à Plescop (56), à la simple veillée à Cavan (22) ou à Quimperlé (29) en passant par la truite du Ridor à Plémet (22). Elles restent toutes des moments de convivialité et d’expression où le chant a toute sa place.
Le chant est son violon d’Ingres
Apolline Thiémé participera ce dimanche à la finale de chant. Sélectionnée à Mael-Carhaix (22), sa classe de l’école primaire Notre-Dame de Rostrenen (22) tentera de charmer le jury. Chanteuse et mélomane, la jeune musicienne introduira ses camarades avec son violon. Au programme de cette école pour cette dernière représentation, un Kaz ha bar et une mélodie, entonnés en breton. Pour être parfaitement au point, l’élève de CM1 avoue s’entraîner au violon « à l’heure de midi », quand ses camarades de classe sont en récréation. « Ma maîtresse m’a entendu jouer, et m’a demandé d’accompagner les chanteurs ».
Si la jeune Costarmoricaine concède avoir un peu de stress avant de monter sur scène, ses craintes s’évaporent une fois le public face à elle. Alors, les chansons traditionnelles bretonnes sont de nouveau chantées. Car le Kan ar Bobl, a surtout pour objectif de faire renaître la tradition, « pour refaire les coutumes de nos ancêtres. Tout ce qui ne se transmet pas est perdu », résume Apolline. Tout est dit.
L’année prochaine, Apolline compte sur l’aide de son frère Gwendal et de sa sœur Ambre, afin de se présenter au concours famille. Le trio, composé alors d’un violon, d’une cornemuse et d’une chanteuse, compte briller face au jury. Et si le sacre n’est pas au rendez-vous, rien de grave : la chanson aura une nouvelle fois été interprétée, les oreilles l’auront entendue.
[caption id= »attachment_34263″ align= »aligncenter » width= »720″] Apolline Thiémé chante et joue du violon. Elle participera à la finale du Kan ar Bobl, avec ses camarades de classe de Rostrenen.[/caption]
Le conte compte
Les contes en breton ou en gallo tiennent aussi une part belle dans le concours. Yannig Le Doujet, responsable de la salle des contes lors de la finale pontivyenne, explique « qu’il y a moins de conteurs qu’avant, surtout en breton. Le conte est plus vivant que l’histoire, et se déroule bien souvent en trois épreuves que le personnage principal doit relever, afin d’obtenir la main de sa bien-aimée ».
Si les contes en gallo relatent des aventures « plus contemporaines, le conte en breton est plus imaginaire.
Le spectateur, quand il écoute, est en dehors du temps. Si le conteur gallo utilise plus de gestuelle, son cousin breton sera plus fixe, la langue étant déjà très imagée ». Un des rôles de Yannig est de dénicher dans les campagnes des conteurs, chanteurs ou musiciens qui s’ignorent. Lors du filaj se tenant au village de Lokuon, en Ploërdut (56), il invite qui veut à monter sur scène. « Je cherche des talents », aime ajouter le Morbihannais. Cette première prestation peut conduire les candidats aux rencontres de pays, qui aboutissent parfois à la finale de Pontivy.
Annie Ebrel, Marthe Vassalo, Yann-Fañch Kemener, les groupes Karma ou Tan Ba’n Ty font entre autres partie de la longue liste des lauréats des années précédentes. « Cela peut être un tremplin pour les personnes primées, c’est une distinction », conclut Gwendal Le Ruyet. Parmi les participants de cette 45e édition se cache peut-être la prochaine pépite bretonne.
[caption id= »attachment_34264″ align= »aligncenter » width= »720″] Le Kan ar Bobl
est aussi l’occasion d’assister à un repas chanté, ici avec Éric Menneteau et Yann-Fañch Kemener.[/caption]
Un championnat de haute qualité
- Le samedi : Kanit’ta Bugale (concours enfants et jeunes de moins de 18 ans), Tud Kar (concours réservé aux familles), concours laridé gavotte, déambulation, repas chanté. Fest-noz avec Loened Fall, Castor et Polux, et les lauréats de 2017.
- Le dimanche : concours chants, musiques et contes, salon des luthiers, jeux bretons. Fest-Deiz avec Oliolio.