Un bâtiment les pieds sur terre

Le sol doit être compacté au cylindre, « par couche de remblai de 40 cm », conseille Jacky Lucas. - Illustration Un bâtiment les pieds sur terre
Le sol doit être compacté au cylindre, « par couche de remblai de 40 cm », conseille Jacky Lucas.
L’arrivée des pelles mécaniques donne le top départ au chantier de construction d’un bâtiment neuf. Le sol doit être bien compacté, afin de garantir une bonne stabilité de l’ensemble.

Les tracteurs s’affairent, l’imposant cylindre arrive sur le porte-char. Le terrassement du bâtiment va bon train sur ce chantier situé à Kerpert (22).
Première étape d’un chantier, le terrassement est crucial pour garantir la pérennité de l’ensemble de la construction. La terre végétale a été décapée, entreposée à proximité pour terminer proprement les abords du futur édifice. « Avant le dépôt de permis de construire, je donne un avis sur l’emplacement des travaux. Il faut bien orienter le bâtiment et garder une certaine continuité par rapport aux autres hangars, et en évitant les sources », rappelle Jacky Lucas, gérant de la SARL Lucas BTP, installée à Bourbriac (22). Le travail du jour consiste à préparer l’emplacement d’un bâtiment dédié aux génisses, de 60 m de long, comprenant une table d’alimentation. Les animaux logeront sur une aire paillée.

Le terrassement, la base de tout

[caption id= »attachment_34111″ align= »alignright » width= »147″]Jacky Lucas, Gérant de la SARL Lucas BTP de Bourbriac (22) Jacky Lucas, Gérant de la SARL Lucas BTP de Bourbriac (22)[/caption]

Peu importe les textures de sols rencontrés après le décapage de la terre végétale. Les sols argileux ne posent pas de problème. Sur ce site de Kerpert, le sous-sol est très largement composé de sable, matière idéale pour le drainage. « Nous sommes parfois obligés de miner pour faire éclater les roches », indique le terrassier. Ce secteur costarmoricain voit çà et là fleurir de grandes bulles de pierre.

La pente naturelle du terrain a obligé à décaisser sur une profondeur de 1 m d’un côté, et 2,5 m de l’autre. Le remblai utilisé provient d’un champ de l’exploitation. Le cylindre compacte ce sable par couches de 40 cm. « En cas d’absence de sable, nous nous fournissons de découverte de carrière ». Des couches successives compactées, nivelées et préparées pour recevoir une dernière couche de 0/30, recevant elle aussi le passage du cylindre. « Des essais de plaques sont ensuite réalisés pour mesurer la résistance du remblai à la charge ». Pour limiter l’utilisation de béton, les niveaux sont respectés, avec l’emplacement de la future table d’alimentation plus élevée que l’aire paillée. En une journée, ce ne sont pas moins de 1 000 m3 de remblai qui sont ainsi amenés sur le chantier. « Si des logettes sont prévues, nous respectons une pente de 3 à 5 % pour l’écoulement ». Equipée d’un niveau laser, la chargeuse compacte pousse et dispose la terre sableuse rapidement et corrige sans intervention humaine la planéité du chantier. Une fois le terrassement terminé, des percements à la tarière permettent de couler le béton et les armatures, afin de garantir la stabilité de la maçonnerie finale.

Sonder, c’est connaître

Pour Julien Crenn, gérant une entreprise de terrassement à Saint-Martin-des-Champs (29), « les sondages réguliers permettent de mieux connaître la structure du sol, afin de ne pas avoir de mauvaises surprises. La glaise jaune est présente un peu partout en Bretagne, il convient alors d’adapter les méthode de travail en posant par exemple un géotextile qui agira comme un décontaminant, en empêchant la glaise de remonter ». Même son de cloche pour Jacques Charlery, chargé de mission au GIE Elevage de Bretagne. « Soit le terrassier connaît bien le sous-sol, soit il peut donner un coup de pelle pour connaître la nature de celui-ci. Le terrassement est un des devis le plus difficile à réaliser. Dans des cas plus rares, une dalle flottante peut être réalisée. Plus épaisse, elle fera office de fondation et sa masse appuiera sur le sol ».

Qui fait quoi ?

À la fin du chantier de terrassement, l’entreprise ayant réalisé ces travaux doit remettre « une fiche qualité terrassement, afin que le maçon ait tous les éléments indispensables. Une fois rebouché, on ne sait pas ce qu’il y a en dessous. Le devis doit être clair, mieux vaut préférer le chiffrage au m2 et non à l’heure. Il faut bien vérifier que l’empierrement est bien prévu, sous peine de mauvaise surprise : il peut être réalisé par le terrassier ou par le maçon », indique Jacques Charlery. La liste des concepteurs et des constructeurs agréés par la Charte Qualité Bâtiments Bovins est disponible à www.gie-elevages-bretagne.fr, dans la rubrique « techniciens », puis « bâtiments d’élevage ».

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Astuces : Les cailloux étalés à la bonne hauteur sans descendre de la mini-pelle

astuce-cailloux

Pour réaliser l’empierrement de son bâtiment avant de couler la dalle béton, Jean-Pierre Boutouiller, agriculteur à Plougoulm (29), a mis au point une astuce. « J’ai installé une cellule de réception à l’aide d’une tige métallique fixée sur le godet de ma mini-pelle. La cellule se met à sonner dès que le godet est à la hauteur réglée préalablement sur le niveau laser placé au pignon du bâtiment. De ma cabine je garde un œil sur la cellule de réception et les cailloux sont disposés partout au même niveau. » Cette technique permet à l’agriculteur de travailler seul alors qu’habituellement il faut une deuxième personne pour tenir la pige graduée et vérifier la hauteur de cailloux étalés.


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