L’Organisation des producteurs de lait, branche de la Coordination rurale, tenait son congrès à Laval, le 17 mai.
« Nous sommes la seule catégorie sociale à travailler à perte. Même la Pac ne nous permet plus de couvrir nos revenus », peste Bernard Lannes. À Laval, le président de la Coordination rurale est venu soutenir les producteurs de lait du syndicat. À ses yeux, la filière française manque d’une vision d’avenir : « 50 % des producteurs de lait ont 54 ans ou plus, que va-t-il se passer dans huit ans ? Des restructurations massives se mettent en place, sans créer plus d’emplois, sans stratégie à long terme, avec une interaction et une dépendance vis-à-vis d’autres pays (Chine, etc.). » « On n’est pas contre l’export, précise Véronique Le Floc’h, à condition que cela crée une bonne valorisation. » Pour la présidente de l’OPL, la valorisation du prix du lait en France, espéré au plus près de 450 euros/1 000 litres, nécessite de « passer d’une logique de volumes à une logique de partage de la valeur ».
La Finistérienne attend aussi des indicateurs « mieux encadrés » au niveau de l’interprofession, afin que les laiteries « ne fassent pas ce qu’elles veulent » dans l’élaboration du prix. Toujours à l’interprofession, Véronique Le Floc’h plaide pour que les organisations de producteurs (OP) obtiennent une vraie place aux côtés des syndicats agricoles, « pour équilibrer le poids des producteurs et des transformateurs, industriels et coopératives comprises ».
Rassembler les producteurs
L’OPL ne croit qu’en des OP transversales pour peser sur les opérateurs. « Les AOP [associations d’OP] seraient un “chapeau” au-dessus des OP qui permettraient de massifier l’offre de lait, pour augmenter le prix. On a bien vu que l’organisation en bio est un modèle qui peut tirer le prix vers le haut. Et on voit bien que les producteurs n’obtiennent rien à adhérer à des OP verticales… »
La maîtrise de l’offre, « seul moyen » de rémunérer les éleveurs
Des outils de maîtrise du marché sont appelés de leurs vœux par les producteurs présents. « La question principale [d’une politique agricole] est ce qu’il reste à la fin dans les poches des agriculteurs. La maîtrise de l’offre c’est le seul moyen pour que cela fonctionne. Et s’il y a moins de pertes dans les exploitations, il y a besoin de moins d’aides, donc il y a moins de pertes d’argent public », argumente Frédéric Courleux, conseiller du think-thank Agriculture et stratégies (ex-Momagri).