En mai, une écume blanche apparaît sur de nombreuses plantes. Quel meilleur raccourci pour les anciens observateurs de la nature que d’associer cette mousse à de la bave de coucou. La réputation de cet oiseau qui ne trouve rien de mieux que chanter pendant que le laborieux passereau nourrit son petit, pouvait bien supporter l’inélégance d’un crachat. Cependant, s’il est assez rare de voir cracher un oiseau, il est encore plus rare de voir naître des insectes de sa salive. Et pourtant … « Cela arrive par une permission toute spéciale de la Providence qui veut que l’ingratitude du coucou ne reste pas impunie », contait, au VIIe siècle, l’évêque Isidore de Séville à qui l’on doit aussi cette légende que « des cigales naissent des crachats de coucou ».
Mais est-ce vraiment une légende ? Car cet amas spumeux que l’on voit apparaître au mois de mai est en fait l’œuvre d’un minuscule insecte de la famille des cigales. Et oui, la paresseuse cigale du Sud a une lointaine cousine à la mode de Bretagne : la cicadelle. En écartant délicatement cette mousse, on découvre en effet un minuscule hémiptère affairé à se gaver de sève. La mousse n’est autre que l’émulsion de ses excréments provoquée par une réaction avec les gaz respiratoires, assurent les entomologistes. Une mousse qui joue un rôle de défense pour la cicadelle : son goût acre dissuade les prédateurs de manger la petite bête. Mais surtout, cette écume offre une protection thermique efficace. Une ingéniosité de la nature dont l’homme s’est inspirée pour fabriquer les matériaux alvéolaires d’isolation comme la mousse de polyuréthane.