« Produire beaucoup plus de lait en limitant les annuités »

Dans un bâtiment de 2 400 m2 abritant 160 laitières en production, le bloc traite à une largeur de 11 m de mur à mur. Les deux lots d’animaux sont logés en logettes sur sable. - Illustration « Produire beaucoup plus de lait en limitant les annuités »
Dans un bâtiment de 2 400 m2 abritant 160 laitières en production, le bloc traite à une largeur de 11 m de mur à mur. Les deux lots d’animaux sont logés en logettes sur sable.
Anne-Marie, Hubert et Ludovic Madec ont parié sur une augmentation significative du volume de lait livré grâce à des installations flambant neuves. Mais ils ont regardé de près leur investissement ramené à la vache.

Au sortir des quotas, la stabulation du Gaec Madec, à Hanvec (29), était vraiment obsolète alors que l’élevage livrait déjà 800 000 L de lait. L’installation d’Hubert en 2015 a été l’occasion de lancer un projet de nouveau bâtiment avec l’idée, au départ, de produire 100 000 L de plus. « Dans nos simulations, notre ligne de conduite prioritaireétait avant tout économique. Avec une limite fixée : pas plus de 70 € d’annuités aux 1 000 L, même si le résultat se construit beaucoup en soignant sa marge sur coût alimentaire », expliquent les trois associés. « Finalement, en optimisant volume de lait à produire et choix stratégiques sur les différents postes dont le bloc traite, nous avons bouclé un dossier à 1,4 million de litres de lait à produire pour 800 000 € d’investissement. »

Cette nouvelle orientation passant par l’abandon de l’atelier taurillons avec l’objectif « de saturer le foncier en travaillant au maximum à partir des fourrages sans augmenter notre surface en maïs (50 ha) pour assurer de bonnes rotations et diminuer les phytos dans le cadre de la Maec SPE 28 % signée ». Au cœur de cette option, la valorisation des dérobées —« en première coupe, nous ensilons 50 à 60 ha d’herbe, dont 30 ha entre deux cultures de maïs »— dans une zone, au pied des Monts d’Arrée où l’herbe pousse. Le cheptel est organisé en deux lots. « En termes de ration, nous nous concentrons sur les débuts de lactation —du vêlage à l’échographie vers 150 jours— qui sortent en journée d’avril à septembre pour écrêter le pic d’herbe quand le 2e lot est débordé au pâturage. Le 2e lot, lui, sort dès février jusqu’en novembre avec la mission d’aller chercher l’herbe à bas coût. Grâce à la porte de tri en sortie de traite, ces vaches sont renvoyées vers la prairie après la traite. »

[caption id= »attachment_34453″ align= »aligncenter » width= »720″]« La fosse n’est pas très large, mais nous n’avons pas à nous déplacer pour basculer le faisceau d’un quai à l’autre. Même si la salle de traite est longue, nous ne marchons pas beaucoup », expliquent Hubert et Ludovic Madec.  « La fosse n’est pas très large, mais nous n’avons pas à nous déplacer pour basculer le faisceau d’un quai à l’autre. Même si la salle de traite est longue, nous ne marchons pas beaucoup », expliquent Hubert et Ludovic Madec.[/caption]

100 vaches à l’heure

« Idéal en efficacité », les Finistériens ont bien pensé roto en traite extérieure. « Mais ça aurait été un surinvestissement par rapport à notre troupeau et nous voulions être sûr de conserver l’hygiène de post-traite. » Ils ont alors cherché une installation pour passer 100 vaches à l’heure à deux trayeurs (« 1,5 dans la fosse car il faut en même temps alimenter, repousser la ration… »). « L’idée n’est pas non plus d’aller à toute vitesse mais d’effectuer une traite de qualité. »

L’option retenue a finalement été une 2×20 postes TPA en simple-équipement. La stalle Champion de DeLaval, équipée d’une porte guillotine qui se lève, a la particularité de limiter les poteaux fixés au sol facilitant le lavage des quais. « Un modèle en inox, robuste et encore rare, venu des États-Unis qui fera toute notre carrière. » Petit détail, quand la lice se lève, une pulvérisation automatique se déclenche sur le quai le nettoyant automatiquement : « Cela motive peut-être les vaches à filer, chasse les premiers jets et évite que ça colle l’été. Et pas besoin de mouiller les quais au démarrage. » Pour le même type de rendement, plutôt qu’une 2×12 double-équipement, les deux frères ont opté pour la ligne haute avec des faisceaux qui basculent de part et d’autres de la fosse.

Indispensable porte de tri

En routine, la porte de tri est très utile pour aiguiller les vaches des deux lots, parfois mélangées au pâturage, en sortie de traite. « Bien sûr, nous programmons aussi l’isolement d’animaux vers le box le dimanche pour un tarissement, le mercredi pour une échographie… On ne manipule plus de vaches grâce à la porte. Un “clic” et on le retrouve isolé. Avant, il fallait être deux pour récupérer un animal dans le bâtiment. »

« Avec le simple-équipement, l’installation est plus longue. Psychologiquement, c’est encourageant car tu rentres de grands lots. Et tu as besoin de moins de surface à consacrer au parc d’attente. » Bien sûr, une vache lente ou à rebrancher peut retarder la sortie de ses 19 voisines. « Mais quand la routine est bien organisée, il n’y a pas vraiment de temps morts. À deux, l’un prépare et l’autre branche, trempe et fait circuler les vaches. Seul, on travaille par groupe de 5 vaches. Même le choix des lingettes imbibées jetables fait gagner du temps. » Ludovic Madec ajoute : « C’est la sortie des vaches qui fait la différence. Quand les animaux se déplacent bien d’eux-mêmes, la traite est un plaisir. Et comme nous distribuons la ration après la traite, elles sont motivées à filer. »

Aux 35 heures dans le bâtiment

Justement, devant les lices, les lots profitent d’un grand dégagement et le pont levant (automatisé, sur vérin) en bout de fosse a une largeur de 2 m pour que deux animaux puissent passer, se doubler. « Les quais couverts de caoutchouc sont confortables aussi et attirent les animaux vers les stalles. » Actuellement, les 160 laitières sont traites en 1 h 50 pour un volume global de 2 600 L. Le soir, pour 1 800 L, il faut compter un peu plus d’1 h 30. « Avec des vaches à 27 kg de lait produit par jour, l’installation trait 1 400 L / h en moyenne haute l’hiver. » Dans l’ancien épi 2×6, il fallait 7 h de traite par jour pour traire 145 vaches. « Aujourd’hui, grâce aux nouvelles installations, le travail dans le bâtiment avec chasse d’eau, logettes sur sable et porte de tri est réduit à 35 h par semaine en livrant 400 000 L de lait par an », terminent les associés.

Viser 12 heures entre les traites des VHP

Le lot des débuts de lactation est trait en premier le matin et en deuxième l’après-midi. « Cela pour essayer d’avoir environ 12 heures entre les deux traites sur les vaches les plus laitières qui restent en bâtiment la nuit. Le matin, il y a ainsi moins de perte de lait dans les logettes également. »


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article