Si votre voisin de table mange comme un cochon et semble ruminer à la fin du repas, peut-être masque-t-il une chimère derrière son apparent visage humain. Mais s’il vous assure avoir subi une régénération osseuse de la mâchoire à base d’os de bovin et de collagène de porc, ne lui riez pas au nez. Cette opération de parodontologie n’est pas une fiction. Elle est aujourd’hui pratiquée en routine par de nombreux chirurgiens-dentistes faisant appel à la technologie des biomatériaux. Autrement dit, ils utilisent des tissus fabriqués par le vivant pour réparer le corps humain affaibli par les ans ou ravagé par la maladie.
La fourniture de biomatériaux est une vocation accessoire de l’agriculture. Mais à haute valeur symbolique. Elle témoigne en effet de la qualité du travail des agriculteurs, entre autres sur le plan sanitaire, point de vigilance extrême pour les laboratoires médicaux. Ces derniers ne manquent d’ailleurs pas de préciser qu’ils se fournissent en os de bovin auprès d’industriels de l’agroalimentaire dûment sélectionnés ; ou qu’ils emploient des membranes naturelles de collagène de « cochons élevés biologiquement ». Illustration que le bio est vendeur… et pas seulement sur les tables !
Savoir que la qualité des produits agricoles répond aux normes les plus strictes du monde médical est un motif de satisfaction pour les agriculteurs qui voient par-là leur savoir-faire reconnu. Mais, comme pour les produits alimentaires, les agriculteurs ne retrouvent pas la plus-value générée par ces produits de haute valeur ajoutée, que ce soit pour le médical ou les multiples autres usages. Au contraire, ils donnent encore gratuitement le cinquième quartier qui a souvent une valeur technologique exceptionnelle.