En chèvre, au Gaec de la Bouexière à Saint-Thurial (35), la maîtrise de la qualité de l’enrubannage est le principal enjeu, pour limiter le développement de listeria, à tous les stades : récolte, conservation, hygiène à l’auge, distribution…
Affouragement en vert, ensilage de maïs, ration sèche avec séchage de balles carrées… Depuis leur début de carrière, Aude et Pascal Bouilland ont essayé différentes rations de base pour valoriser les fourrages qu’ils produisent pour leurs 450 chèvres. C’est l’enrubannage qui les a le plus séduits.
Abandon du dactyle
« Au début, c’était pour moi un moyen de sauver du foin… Mais avec quelques déboires. J’ai donc appris à le maîtriser, en choisissant les espèces, le stade de coupe… pour obtenir un fourrage de qualité », décrit Pascal Bouilland. Cinq ans plus tard, le système était calé. Il leur faut 450 à 500 bottes enrubannées de premières coupes. Et les chevriers visent plus particulièrement les prairies temporaires de ray-grass hybride-trèfle violet-trèfle incarnat et les dérobées (RGI – trèfle incarnat) implantées en septembre.
« Auparavant, le dactyle était présent dans de nombreuses parcelles non labourables. Cette espèce diminue dans mon assolement car elle ne fonctionne pas en enrubannage sur les chèvres. J’ai des problèmes de listeria : le fourrage manque de sucre, se conserve mal et il y a des développements de moisissures. » Il a donc réensemencé ces pâtures avec de la fétuque, qui présente, selon lui, de bons résultats et une meilleure appétence. Les landes et le dactyle (1re et 2e coupe) sont donc essentiellement récoltés en foin.
[caption id= »attachment_34963″ align= »aligncenter » width= »720″] Dans l’élevage de Pascal Bouilland, la base de l’alimentation c’est l’herbe, qu’il distribue sous forme d’enrubannage. Un fourrage très appétent pour ses 450 chèvres laitières.[/caption]
Objectif 60 % MS
« Mes parcelles sont éloignées, je fauche donc 15 à 18 ha dans la journée. » Et la technique est rodée, pour un rendement de 7 à 8 t MS/ha dont 3 t en 1re coupe. « Je fauche à 6-7 cm, pas trop ras, pour éviter les taupinières et favoriser la ventilation du fourrage au champ. » L’objectif est de récolter un fourrage à 60 % MS. Pour cela, deux fanages sont requis. « L’idéal serait d’avoir une conditionneuse à rouleaux, mais je travaille avec une faneuse de 8 mètres et un andaineur de 7 mètres, que je possède, pour plus d’autonomie. » Le 1er passage « énergique », avec un régime moteur à 540 tours, a lieu quelques heures après la fauche. Le 2e se fait le lendemain, plus lentement, à 450 tours, mais « j’avance assez vite, autour de 11-12 km/h ». Le surlendemain, le fourrage est andainé et l’enrubannage est effectué par l’ETA dans la soirée avec un combiné.
Ramasser aussitôt les balles
Un fourrage rentable
« Je veux de la qualité mais aussi de la cellulose pour mes chèvres. Je fauche quand l’herbe atteint 15 cm et que l’épi est dans la gaine. Une semaine environ avant l’épiaison ». Cela permet de récolter des dérobées à 0,94 UFL/ kg MS et 13 % MAT. « En général, ces fourrages analysés ont une valeur énergétique de plus de 0,9 UFL/kg MS », précise l’éleveur. Le coût de la prestation par l’ETA lui revient à 12 € la botte. « Ce n’est rien au regard de la réponse laitière qui en découle », analyse l’agriculteur.
Avant de préciser : « Avec un fourrage de qualité à 150 €/t environ, j’ai baissé de 200 g/jour les concentrés achetés à 320 €/t, tout en augmentant la production laitière de 150 kg lait/chèvre/an ». Le calcul est vite fait. Sans compter le confort de travail : après 3 séances de 4 jours intensifs, le fourrage est prêt pour l’année, sans coût de stockage, sans nécessité de hangar… « Il faut juste être équipé pour le distribuer. Après avoir distribué 250 t manuellement par an, nous avons investi dans une dérouleuse qui se place à l’avant d’un télescopique, pour une meilleure visibilité. »