Des milliers de contributions, 77 heures de débats à l’Assemblée nationale, 2 310 amendements examinés. Les États généraux de l’alimentation ont retenti des passions et des convictions contradictoires. Sitôt le dernier vote clos, le silence s’est naturellement installé dans l’hémicycle du palais Bourbon ; un silence semblable à celui qui règne dans les champs désertés quand les semis sont achevés.
Grandes joutes oratoires et timides avis pleins de bon sens paysan se sont évanouis dans le même néant acoustique que le sifflement aigu des semoirs. Ne subsiste qu’un alignement de 17 articles de loi finement amendés, promis à une bonne récolte espère la majorité gouvernementale. L’agriculteur partage les mêmes espoirs quand il replie son semoir. Mais les caprices de la nature lui ont appris que le plus beau semis n’assure pas toujours le plein grenier. Aussi louables soient-ils, les EGA semblent avoir oublié la pièce maîtresse du jeu : les 67 millions de consommateurs français… qui feront la pluie et le beau temps.
Le législateur a décidé que le glyphosate reste autorisé ? Le consommateur décidera. Le législateur pense que le consommateur acceptera de payer plus cher son alimentation pour soutenir l’agriculture française. Le consommateur décidera.
Comme l’insonorisation de la cabine d’un tracteur, le brouhaha d’un hémicycle est à la fois un bon casque anti-bruit et un obstacle pour entendre les alertes venant de l’extérieur. Les faits le rappellent sans ambages : en 2015, Paris avait fixé un prix artificiel du porc ; le consommateur a décidé. De même, en 2017, le consensus européen sur les nouvelles normes bien-être des pondeuses a été torpillé en quelques jours. Toujours le consommateur. C’est qui le patron déjà ?