Faudra-t-il supprimer le « c » de la Pac. Avec la réforme en cours, destinée à redessiner les contours de la politique agricole européenne pour la période 2021-2027, la Pac risque en effet d’être de moins en moins commune. Face à de nombreux pays – y compris la France – opposés à la baisse des enveloppes attribuées à ses agriculteurs et en même temps très prompts à récupérer leur écot au budget de l’Union, il devient difficile d’avoir un projet à Vingt-sept.
Dans ce contexte du « chacun pour soi », la Commission propose une renationalisation partielle de la Pac. Une façon de dire aux États membres qui passent leur temps à défendre leurs intérêts nationaux : débrouillez-vous avec votre politique agricole. Cette orientation ressemble fort à une déconstruction des fondations européennes dont l’agriculture est un des socles. Elle approuve indirectement les aspirations nationalistes de plus en plus affirmées dans de nombreux pays de l’Union. Tout cela est de mauvais augure pour les Européens en général, pour les paysans en particulier. D’abord, parce que la baisse annoncée des aides européennes aura un impact direct sur le revenu des agriculteurs ; et l’expérience montre qu’il ne faut pas trop compter sur le cofinancement français pour compenser cette perte.
Cette nationalisation des aides générera également des distorsions de concurrence entre agriculteurs européens que l’on croyait à jamais disparues. Enfin, le démantèlement partiel des mesures en faveur du verdissement mécontentera le consommateur-contribuable qui acceptera de moins en moins de financer une agriculture qui ne répond pas aux défis du réchauffement climatique, de la biodiversité et aux enjeux de la santé.