La polyvalence de la race Montbéliarde au cœur du système

Installé en mars 2011, Gaëtan Le Meur a doublé la taille de son exploitation en 5 ans. Pour faire face aux investissements, il s’appuie sur les différentes forces de la Montbéliarde pour dégager du produit.

À Plussulien, Gaëtan Le Meur a repris en mars 2011 l’exploitation de son oncle, éleveur passionné par la race montbéliarde. Au moment de son installation, la structure compte 71 ha et livre 310 000 L de lait par an et la mise aux normes est à réaliser. Dès l’année suivante, le jeune homme inaugure un bâtiment tunnel équipé de 55 logettes sur lisier et implante une salle de traite d’occasion 2 x 9 postes pour un investissement total de 358 000 €. Dans ses choix, il garde toujours à l’esprit que sa structure pourrait grandir dans les années à venir. La capacité de l’installation de traite comme le lieu d’implantation et la modularité du type de bâtiment choisi l’illustrent.

63 % de taux de réussite à l’IAP

Justement, en 2014 puis en 2017, des opportunités se présentent à proximité. En deux étapes, l’éleveur récupère du foncier (location et achat), reprend notamment un bâtiment adapté pour 150 bovins. L’exploitation compte désormais une centaine de laitières et a livré 627 000 L de lait sur la campagne bouclée en mars 2018. Mais pour assumer un tel développement, il a fallu mettre en place une stratégie globale permettant de trouver un bon équilibre technico- économique. « Je cherche à conduire un système alliant productivité, rentabilité et maîtrise des charges », résume Gaëtan Le Meur, ambitieux mais la tête sur les épaules. « Pour faire face, je m’appuie sur la Montbéliarde, une vache idéale à mes yeux. Je cherche à dégager de la plus-value grâce à ses qualités intrinsèques : son lait, ses taux et sa viande. »

Pour diluer les charges de structure, le Costarmoricain a augmenté son volume de lait vendu, « grâce à cette race qui valorise bien la ration de base », sans acheter d’animaux à l’extérieur. Il préfère profiter d’une croissance interne du cheptel favorisée par un taux de renouvellement maîtrisé (17 % de moyenne sur 3 ans) et des animaux qui vieillissent bien. Le taux de réussite à l’IAP de 63 % joue également en faveur de l’économie : la proportion importante de croisement industriel permet de sortir des animaux bien valorisés.

Croisement industriel, élevage de bœufs et bonne réforme

Justement, Gaëtan Le Meur explique : « Je me sens éleveur du début à la fin. Je ne suis pas seulement un producteur de lait. Je fais naître des veaux et j’ai envie d’engraisser des animaux jusqu’à présenter des bêtes qui pèsent sur la bascule. Ma logique est d’utiliser tout le potentiel du troupeau » Le revenu viande est d’ailleurs au cœur de sa conduite. « Sur les souches que je ne veux pas garder ou les vaches qui n’ont pas pris après 3 ou 4 tentatives, j’insémine en Charolais. » Les mâles croisés sont élevés sous la mère et vendus au cadran de Mûr-de-Bretagne à un mois. « J’adore aller au marché : j’y amène de beaux veaux et je reviens avec le sourire… » Sur le site repris en 2014 présentant une stabulation et 22 ha accessibles, il a lancé un atelier de bœufs montbéliards qui sont menés avec les femelles croisées charolaises (vente moyenne : 1 370 € pour les bœufs, 1 405 € pour les génisses croisées).

Pas question non plus de vendre des vaches en lait : « Je préfère garder ma génétique et valoriser de belles réformes payées jusqu’à 1 350 € ». L’exploitation double, le niveau d’étable baisse Cette chasse globale à la plus-value transpire jusque dans les choix d’accouplements. « Pour moi, le lait n’est pas un facteur limitant. J’ai de la place dans le bâtiment et assez de SAU pour élever quelques vaches de plus pour livrer ma référence s’il le faut. En sélection, je favorise les taureaux intéressants en taux et en qualité bouchère. » D’ailleurs, il y a sept ans, le niveau d’étable se situait à 8 200 L par vache et par an. Aujourd’hui, il a baissé à 7 200 L. « Alors que la taille de l’exploitation a plus que doublé, par rapport au démarrage, j’ai gagné en taux, en valorisation bouchère, en résultat de reproduction et je me complique moins la vie concernant la ration… »

À ses côtés, Anaël Cassard, travaillant pour Montbéliarde Association et venu du berceau de la race dans l’Est de la France, apprécie de voir un Breton mettre aussi bien en valeur les qualités de la race qu’il promeut : « Gaëtan exploite complètement les forces de notre vache en cherchant à augmenter le produit grâce à la richesse du lait, à la qualité bouchère et à la longévité… » 


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