Le 8 juin 1968 : À la conquête de « l’extrême ouest » touristique

crozon - Illustration Le 8 juin 1968 : À la conquête de « l’extrême ouest » touristique

Dans les archives de Paysan Breton,

34 milliards d’anciens francs ! Le tourisme a apporté au département du Finistère 34 milliards en 1967. Sur cette importante somme, 6 à 8 milliards, selon les estimations, sortent du secteur départemental. 700 000 vacanciers ont été nos hôtes l’an passé ; en 1985 ils seront 1 800 000 ! Pour quelques années encore la conquête de l’extrême ouest touristique est ouverte aux pionniers. Les initiatives privées, pour peu qu’elles soient le fait d’hommes et de femmes réalistes et avertis ont de fortes chances de réussir. Ils ont des atouts majeurs : l’espace, la verdure, l’air pur.

La technique ne pourra jamais les concurrencer en ce domaine. Demain, le beefsteak synthétique remplacera peut-être la viande du bœuf, mais en laboratoire pas un hectare de terre de plus ne sera créé. Depuis de nombreuses années, il faut bien le dire, au moment de la saison estivale, les agriculteurs faisaient l’objet d’une sollicitation, toujours croissante avec les ans, qui pour planter sa tente sans un coin de pré ou de verger, qui pour s’approvisionner en eau ou en produits de la ferme, …

Mais à l’époque, l’attitude des agriculteurs et des ruraux était à base d’indifférence. Et puis une révolution s’est faite dans les mentalités, on s’est habitué à la venue des estivants à chaque saison, d’année en année ils devenaient plus nombreux, parallèlement les agriculteurs et les ruraux multipliaient les voyages d’études et les contacts avec l’extérieur, l’interdépendance des divers secteurs d’activité économique apparaissaient de plus en plus au grand jour. Tout ceci a pour résultat une prise de conscience globale des problèmes par les agriculteurs et les ruraux, l’attention n’était plus portée uniquement sur l’agriculture mais également sur les autres activités économiques. Dès lors le tourisme a été perçu en tant que fait économique. N’est-il pas courant de dire aujourd’hui que le tourisme arrive au deuxième rang après l’agriculture pour sa contribution, plus de trente milliards d’anciens francs, au produit brut départemental.

À cette façon de voir en termes économiques s’est superposée la tradition de l’hospitalité forte dans nos campagnes finistériennes. La nécessité de la mise en place d’une politique de l’accueil a gagné les mentalités en même temps qu’était ressenti ce besoin de plus en plus vif de sortir des horizons de tous les jours, d’avoir des contacts nombreux et diversifiés. Et puis, il y a aussi le fait que tout devient de plus en plus difficile en agriculture alors que durant le même temps la sollicitation des demandeurs de loisirs se fait de plus en plus pressante. Dans ces conditions, puisque les vacanciers venaient déjà à lui sans qu’il ait demandé quoi que ce soit, pourquoi l’agriculteur ne mettrait-il pas en place des équipements de tourisme ?

Et voilà, le départ est donné. Animés d’un enthousiasme persévérant et d’un solide bon sens, faisant souvent preuve d’ingéniosité, d’une aptitude remarquable à comprendre les problèmes et à tirer profit des conseils, les ruraux bretons se lancent à la conquête des touristes. Campings, gîtes ruraux, manoirs, crêperies, restaurants, centres d’équitation… et la liste est loin d’être close, des initiatives nouvelles se faisant jour à un rythme de plus en plus rapide, une véritable structure d’accueil exploitée par des agriculteurs est mise en place. Jouant la carte de la qualité, respectueux du cadre et de l’art breton, ils veulent satisfaire le touriste, considéré comme un hôte. 


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