Posant des problèmes récurrents aux agriculteurs finistériens, le choucas des tours colonise peu à peu les Côtes d’Armor. Une étude est lancée pour recenser sa population, appréhender son impact et, à terme, obtenir des possibilités de régulation de cette espèce protégée.
Sur la zone de Pleubian – Penvenan – Plougrescrant, une centaine d’agriculteurs auraient constaté des dégâts provoqués par le choucas des tours ces six derniers mois. « Dans certaines parcelles de légumes, on parle d’arrachage systématique des mini-mottes. Une exploitation a perdu 12 000 plants de choux-fleurs et brocolis à Pludual, soit un montant de 6 000 euros de dégâts. À Penvenan, la facture de la perte de 2 ha de maïs bio resemés ensuite, une fois la perte de rendement incluse, s’élève à 2 450 euros… », cite en exemple Danielle Even, présidente de la Chambre d’agriculture. « En 2018, le nombre de réclamations et de plaintes liées à l’impact de cet oiseau a augmenté fortement », rebondit Véronique Méheust, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’environnement. « Les élus ne se sont pas forcément sentis tout de suite concernés devant ce problème qui avance vite. »
C’est pourquoi les deux responsables annoncent la tenue d’une étude sur la population de choucas portée conjointement par le Conseil départemental et la Chambre d’agriculture, en partenariat avec la Fédération de chasse des Côtes d’Armor et la Fédération départementale de Groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDon). « L’objectif est de caractériser la progression exponentielle de cette espèce, car les conséquences sont importantes à la fois sur les parcelles agricoles, mais aussi sur le bâti et sur la biodiversité. Il y a en suspens des enjeux environnementaux, économiques et patrimoniaux. Cet état des lieux, notamment de la présence des couples reproducteurs, qui sera poursuivi dans les années à venir, permettra d’étayer le dossier devant l’Administration. » En toile de fond, l’idée d’une régulation par un prélèvement à un niveau adapté. « Il existe bien des effaroucheurs sonores, mais ils ne font que chasser les oiseaux chez le voisin… », déplore Danielle Even.
Avant de rebondir : « Actuellement, comme il n’y a pas d’indemnisation des dégâts liés au choucas qui a le statut d’espèce protégée, peu d’agriculteurs signalent les pertes chez eux. Il est important désormais qu’ils se manifestent. » En attendant, l’étude lancée s’articule en trois comptages successifs à quelques semaines d’intervalle. « Il s’agit notamment de répertorier les couples de reproducteurs dans une centaine de commune », détaille Louis Blandel, président de la FDGDon et Romain Pardoën, coordinateur de la fédération de chasse. « Chacun doit signaler la présence de ce corvidé reconnaissable à sa tête grise et son bec court déjà installé à Paimpol ou Saint-Brieuc. »