Marion Delisle travaille actuellement avec une quinzaine de moutonniers bretons pour valoriser les deux tonnes de laine produites par leurs troupeaux.
[caption id= »attachment_35696″ align= »alignright » width= »151″] Marion Delisle, artisan matelassier.[/caption]
La laine française est peu valorisée : au mieux elle est vendue en Chine pour plus de 90 % de la production, quand d’autres la jettent. Dans différentes régions, des initiatives locales voient le jour pour tenter de limiter ce gâchis, comme celle de Marion Delisle en Bretagne. Attirée par cette ressource naturelle aux multiples utilisations possibles, elle a souhaité valoriser ce produit agricole. Ingénieur agronome de formation, elle s’est formée depuis deux ans dans ce milieu, de la découverte des races ovines au travail de la laine en filature et chez des matelassiers.
Un produit local, éthique et durable
Mais c’est avant tout dans la literie qu’elle souhaite développer son activité artisanale depuis 8 mois. « C’est la création d’un produit local, éthique et durable, tout en permettant de valoriser des quantités de laine assez importantes », explique-t-elle. C’est un secteur qui exige néanmoins de la laine gonflante et longue d’où un tri important de la laine et des races. « Je fais le choix de me fournir dans des élevages où les animaux sont élevés en plein air, avec du Bleu du Maine, du Texel, de la Rouge de l’Ouest, du Suffolk… », précise-t-elle. D’où le nom de son atelier, Gloan Glav, la laine de la pluie, petit clin d’œil aux moutons dans les prés qui subissent les éléments bretons.
[caption id= »attachment_35697″ align= »aligncenter » width= »720″] Tri de laine lors de la tonte.[/caption]
50 % du poids de la toison perdue au lavage
Dès la tonte, elle aime cette odeur forte mais apaisante. La chaleur qui émane de la matière. Sans compter la douceur de ses mains quand elle manipule le produit, grâce à la lanoline, graisse adoucissante issue du suint. « Une fois transformée, cette ressource devient noble. C’est un défi passionnant que de transformer ce produit simple et brut en un produit sur lequel on va dormir… » Elle veille au grain lors du chantier de la tonte. Pas de paille, sinon, il faut les enlever brin par brin… Ensuite, elle trie les toisons, enlevant celles trop cassantes, trop sales ou trop feutrées avant de les laver. « Cette étape permet d’enlever le suint de la laine et la poussière, dans un bain d’eau chaude et du savon. » La laine perd alors près de 50 % de son poids…
Un matelas pour 50 ans minimum
Les toisons sont ensuite défaites dans une cardeuse, machine qui ouvre la laine et finit d’enlever la poussière, tout en lui donnant du gonflant. Les plus beaux flocons de laine sont destinés à la production de matelas, pour durer plus longtemps. Un matelas de laine ne se jette pas. On le ramène chez son artisan matelassier qui repasse la laine dans la cardeuse pour lui redonner tout son gonflant. Une opération qui peut se renouveler 5 à 6 fois.
[caption id= »attachment_35699″ align= »aligncenter » width= »720″] Gonflant de la laine cardée.[/caption]
Maniement des carrelets
Deux à trois couches de laine sont ensuite étalées entre deux tissus de lin. Puis, avec dextérité Marion Delisle confectionne le bourrelet d’un matelas traditionnel, à l’aide d’un carrelet, grande aiguille courbe. Un savoir-faire acquis auprès des maîtres-matelassiers qui l’ont formée. Avant d’utiliser un long carlet droit, qui traverse le matelas, pour l’orner en surface de bouffettes, petits pompons qui aident à maintenir la laine en place.
[caption id= »attachment_35700″ align= »aligncenter » width= »720″] Maniement du carrelet pour réaliser un bourrelet.[/caption]
La laine, un indicateur des étapes de la vie de l’animal
En savoir plus : Marion Delisle recherche des éleveurs motivés pour travailler sur la valorisation de la laine. Contact : Gloan Glav, Cavan (22) 06 82 97 78 30 / literie@gloanglav.fr / www.gloanglav.fr