Dans les années 90, Alexis Gourvennec déplorait du haut des tribunes, avec force et colère, que le blé ne représentait plus que quelques centimes dans une baguette de pain. Ou que le lait ne représentait quasiment plus rien dans un pot de yaourt. Que nous dit l’Observatoire des prix et des marges 25 ans plus tard ? La même chose. De façon plus policée certes, mais le constat est le même. Sur 100 € de consommation alimentaire, l’agriculture ne perçoit que 6,50 €. Soit 10 % de la valeur ajoutée.
Le commerce et les services se partageant à eux deux la plus grosse part du gâteau : 46 % de la valeur. Autrement dit, cela rapporte bien plus de coller une belle étiquette sur un pot de yaourt ou de le ranger en rayon que de traire la vache. L’ONG Oxfam observe que cette situation est universelle : les petits paysans à l’autre bout de la planète sont scandaleusement exploités et ne parviennent pas à vivre de leur métier. Et la même ONG de dénoncer les marges astronomiques engrangées par les importateurs et les distributeurs.
Le 21 juin, à Carhaix, la Confédération paysanne de Bretagne a dénoncé à son tour le scandale des fruits et légumes espagnols produits avec des « salariés » étrangers payés à vil prix. Ces produits « toujours moins chers » se trouvent en concurrence avec la production française dont ceux de la zone légumière du Nord-Bretagne.
Aux mêmes maux, mêmes conséquences. Au Nord comme au Sud, les paysans votent avec leurs pieds. Les paysans des pays pauvres quittent la campagne et s’entassent dans les bidonvilles. Dans les pays riches, le renouvellement des générations devient problématique pour les mêmes raisons de bas revenus. Partout sur la planète, à force d’être mené à la baguette, le paysan est une espèce menacée de disparition.