La diminution de la production de poulet export doit être compensée progressivement par le développement de la filière poulet semi-lourd destiné à la reconquête du marché national. Pour accompagner ce développement, LDC s’est engagé à construire un nouvel abattoir ultramoderne à Châteaulin (29) d’ici 2 ans.
Suite à la reprise de Doux et à la diminution de la production de poulet export, la reconquête du marché national apparaît comme la solution pour maintenir une production avicole forte en France et plus particulièrement en Bretagne. « Mais quelle place pour la filière avicole bretonne », lance Pascale Madec, directrice de Nutréa volailles lors de l’assemblée générale du groupement le 20 juin à Carhaix (29). Elle ne manque pas de préciser qu’au niveau national 32 % du poulet et 41 % de la dinde sont produits par les éleveurs bretons.
Réduire les coûts d’abattage et de découpe
La construction de l’abattoir Châteaulin 2 par le groupe LDC, d’ici 2 ans, va permettre de développer la production de poulet semi-lourd destinée à la découpe. « Après des crises successives en poulet export, il faut voir ce coup d’arrêt comme une opportunité. La Bretagne vit un moment historique, nous pouvons enfin prendre notre destin en main. Nous devons faire les bons choix pour ne pas rater notre chance », déclare Dominique Ciccone, directeur général de Triskalia.
Christophe Courousse, directeur général de Galliance poursuit : « Il faut rappeler qu’il y a quelques années la baisse de la production de dinde en France a fait suite à la diminution de nos exportations chez nos voisins européens mais aussi aux produits élaborés qui ont basculé vers le poulet en remplacement de la dinde. À cette époque, ce sont nos voisins belges qui ont saisi cette opportunité de production de poulet lourd destiné à la découpe en spécialisant les élevages et les abattoirs. Nous n’avons pas identifié assez tôt ces évolutions de marché. Aujourd’hui, notre chance est que le consommateur français est sensible à l’origine des produits. Nous devons juste revenir au niveau de compétitivité de nos voisins. »
En Europe, le prix de marché du filet de poulet est à 3,60 €/kg à nous de tout mettre en œuvre pour y arriver.
La différence de coût de production, de l’ordre de 10 % avec la Belgique, ne se joue pas à la sortie élevage mais plutôt au niveau abattage/découpe. « Les Belges sont sur un poids moyen de poulet à 2,2 kg quand nous sommes à 1,9 kg, par conséquent le coût de découpe est plus fort en France. En Europe, le prix de marché du filet de poulet est à 3,60 €/kg à nous de tout mettre en œuvre pour y arriver. Ce prix est corrélé à la capacité à vendre les pattes mais aussi à valoriser au mieux la viande de cuisses en les désossant », explique Christophe Courousse.
Des investissements sans revalorisation de contrat
Afin d’aller plus loin que le coût de production, la filière poulet semi-lourd souhaite aussi travailler sur un cahier des charges permettant de se différencier des autres pays européens. Cela pourrait être du sans antibiotiques ou encore la mise en avant du poulailler avec lumière naturelle. Mais la réalité du terrain rattrape souvent les bonnes idées qui ont germé dans un bureau. Benoît Cornec, aviculteur finistérien réagit : « 82 % de mes lots de poulets sont élevés sans antibiotiques. Malheureusement cela n’est pas valorisé et ne se transforme pas en marge supplémentaire pour l’éleveur. Je crois que je vais être obligé d’en réutiliser car économiquement je ne m’y retrouve pas. Nous avons beau être fiers de nos pratiques si nous ne gagnons pas notre vie cela n’en vaut pas la peine. »
Même sentiment des aviculteurs lorsqu’est évoquée l’orientation vers un poulailler type avec sol bétonné et fenêtres. « Rien que pour ces deux critères, cela représente un investissement de 50 €/m2 pour les éleveurs soit 100 millions d’euros pour équiper notre parc breton », chiffre Pascale Madec. Malheureusement, aucune revalorisation des contrats de reprise des poulets n’est envisagée pour inciter les éleveurs à réaliser ces investissements. Christophe Courousse défend l’intérêt de la mise en place d’un cahier des charges différencié en citant l’exemple des Pays-Bas : « En 3 ans, ils ont basculé la totalité de la consommation nationale sur leur poulet sous cahier des charges. Ils ont mécaniquement fermé la porte aux importations. Il faut être imaginatif, tisser du lien avec le consommateur ce qui permettra dans un second temps de recréer de la valeur. »
[caption id= »attachment_36187″ align= »alignright » width= »159″] Gaël Guégan, Directeur économique de la Région Bretagne[/caption]
Un possible ajustement du PCAEA pour l’aviculture
Il faut réfléchir à une forme de mutualisation des achats pour réduire au maximum le coût du béton et des fenêtres. Puis construire une ingénierie financière avec des aides pour permettre aux aviculteurs de réaliser ces investissements. Des ajustements sur les accompagnements dans le cadre du PCAEA seront certainement faits en 2019 mais les modalités ne sont pas encore définies. Concernant la reconquête du marché intérieur de la volaille, notre projet Breizh’Alim doit y contribuer en développant au maximum l’approvisionnement de la restauration collective avec des produits agricoles de proximité tout en respectant le code des marchés publics. Gaël Guégan, Directeur économique de la Région Bretagne
JOSEPH
Bonjour,
sur la photo ils ont l’air bien tristes vos poulets! Pourquoi ne faites -vous pas des poulaillers de plein air avec une nourriture normale et variée et un espace plus grand ou plusieurs poulaillers de plein air avec moins d’animaux? Arrêtez votre production à la chaîne et vendez directement au consommateur. Je n’achète jamais un poulet vendu en grande surface à un prix dérisoireet dont la viande n’est pas ferme et attachée à l’os. Pourquoi le poulet n’est-il plus vendu avec le gésier et le foie? revenez à des pratiques saines et vendez les poulets que vous mangez et ne vendez pas. C’est ça que le consommateur demande. Moins de merde et plus de qualité et de respect.
Bonne journée