Bien-être animal : que veulent les associations ?

Des objets « machouillables » organiques pour les truies (et pas seulement des chaînes), du pâturage pour les vaches et des jardins d'hiver pour les poules ne sont que des bases minimales pour les associations welfairistes. Elles exigent bien plus en termes de bien-être animal. - Illustration Bien-être animal : que veulent les associations ?
Des objets « machouillables » organiques pour les truies (et pas seulement des chaînes), du pâturage pour les vaches et des jardins d'hiver pour les poules ne sont que des bases minimales pour les associations welfairistes. Elles exigent bien plus en termes de bien-être animal.
Tous les acteurs de la filière estiment que la problématique du bien-être animal est une tendance de fond. Les associations welfairistes les plus conciliantes travaillent avec la Grande distribution.

« Nous nous sommes concentrés sur la problématique des poules pondeuses ces dernières années. Nous travaillons désormais sur les conditions d’élevage des porcs ». Ghilain Zuccolo défend, avec l’association française Welfarm, qu’il a co-fondé, le bien-être animal. « Nous ne voulons pas la suppression de l’élevage : seulement une évolution des pratiques ». Il a répondu à l’invitation du groupement Porc Armor Évolution pour venir débattre avec des acteurs de la filière et des producteurs, lors de l’assemblée générale de la structure.

« Il y a quelques années, je n’aurais pas pu intervenir devant une telle assemblée ». Le sourire de satisfaction ne cache pas sa détermination. Welfarm, qui compte 28 permanents dont d’anciens vétérinaires ruraux, des agronomes, des éthologues et 30 000 donateurs actifs, entend, avec d’autres associations de défense des animaux, bonifier le succès acquis dans la lutte contre les poules en cage. La Commission européenne ne veut pas légiférer sur le bien-être animal pour ne pas créer de surenchère réglementaire. Les associations n’en ont cure. Elles passent directement par la case grande distribution.

Qualité Carrefour

Welfarm travaille avec l’enseigne Carrefour depuis une petite dizaine d’années. « Nous les accompagnons dans la définition de leurs cahiers des charges ». La filière Qualité Carrefour s’interdit désormais d’utiliser des œufs « de cages » dans les mayonnaises ou de vendre des viandes d’animaux abattus sans étourdissement. 50 % de leur viande de porc commercialisée sous ce signe distinctif est issue d’animaux non castrés. Non mutilés, disent les associations. Depuis 2 ans, l’association travaille avec Agromousquetaires, dans le même but de faire progresser l’ensemble de l’élevage en matière de bien-être et prend des contacts avec les autres distributeurs.

Elle se bat sur la notion de pâturage des vaches laitières, précisant que « certaines espèces, comme les vaches, et contrairement aux porcs, aux pondeuses et aux veaux, n’ont pas de réglementation spécifique pour les protéger. Il n’est pas exclu que cela change. Réaliser des investissements ayant pour conséquence le confinement des laitières est une erreur monumentale », prévient Ghilain Zuccolo. Welfarm se bat également pour la généralisation des jardins d’hiver en volaille, quand le plein air semble impossible. Le combat le plus âpre risque de se situer au niveau de la production porcine…

Paille en label porc

Le Label Rouge pourrait se retrouver sous les feux des projecteurs. « Les critères d’entrée en label sont beaucoup trop bas. C’est un copié collé de la production porcine standard. Nous demandons que l’élevage soit, a minima, sur paille, avec moins de densité de porcs au mètre carré. Idéalement, ils devraient avoir un accès à des courettes extérieures. Les consommateurs sont persuadés que le label intègre des critères de bien-être. Le jour où ils se rendront compte qu’ils sont floués… ». Les associations demandent également l’arrêt immédiat de la caudectomie et de la castration pour ces signes de qualité, tout comme la mise en liberté des truies pendant la lactation. « Il est essentiel que le label soit bien un produit intermédiaire entre le standard et le bio ».

Des demandes, qui, pour certaines, vont dans le sens du plan élaboré par la filière au moment des États généraux de l’alimentation. En attendant, les associations demandent à la distribution de mentionner le mode d’élevage sur les étiquettes. « Il est très difficile aujourd’hui de trouver de la viande de porc élevé sur paille. Un étiquetage encouragerait les producteurs à modifier leurs pratiques, d’autant plus qu’en Bretagne, il y a de la paille et que c’est bénéfique au niveau agronomique ». Pour les porcs « standards », les associations demandent qu’une matière organique « machouillable » (paille, sciure….) soit mise à disposition des cochons. « Les chaînes et les ballons sont un plus, mais les porcs s’en lassent », estime Ghilain Zuccolo. La bataille ne fait que commencer. Les éleveurs, de leur côté, travaillent avec des éthologues, au sein de l’interprofession, pour être force de propositions et ne pas se faire doubler.

Un segment bien-être, c’est compliqué, mais…

[caption id= »attachment_35948″ align= »alignright » width= »150″]Jacques Mourier, Herta Jacques Mourier, Herta[/caption]

Le consommateur se soucie du bien-être animal et semble prêt à payer un peu plus. Le problème c’est qu’il ne connaît pas très bien les modes d’élevage, ce qui prête à confusion. Je suis favorable à une certification bien-être pour se prémunir des principales attaques. C’est le socle de base qui doit monter en gamme et la filière doit jouer collectif. Sinon, les informations vont dans tous les sens, comme pour l’arrêt de la castration ; il y a même deux camps chez les éleveurs. Nous avons été attaqués sur la présence de nitrites dans nos jambons (Cash investigation). Nous avons donc développé une gamme sans nitrites, plus chère pour le consom- mateur. À notre surprise, elle prend des parts de marché, en valeur. Alors, peut-être que demain, un segment sur le bien-être pourra apporter de la valeur ajoutée à la filière…Jacques Mourier, Herta


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