La ferme de Pascal et Élisabeth Beuzit utilise les zones humides pour produire du fourrage aux génisses. Une démonstration de fauche dans ce milieu particulier a été menée mardi 10 juillet.
« 42 ha de zones humides ont été ré-ouvertes en 7 années, et malgré ces ré-ouvertures, il y a une déprise des agriculteurs pour ces zones », constate Yann Larhantec, technicien zones humides pour le Syndicat mixte du Trégor (SMT). Pourtant, ces espaces écologiques ont toute leur place dans un système laitier : chez Élisabeth et Pascal Beuzit, installés à Plouigneau (29), 11 ha situés en zone humide viennent fournir du fourrage aux génisses par la fauche ou le pâturage. « Depuis l’installation de mon épouse, nous avons intégré ces espaces dans le cycle de pâturage », explique Pascal Beuzit. Une façon de laisser les parcelles plus productives aux vaches en lactation.
Diminuer la pression
« Les anciens exploitaient ces prairies. Mais il est aujourd’hui difficile de passer avec nos tracteurs ». La fauche dans les prairies humides est difficile à mettre en œuvre, le risque d’embourbement est présent. C’est pourquoi le SMT a commandé une étude à la fédération départementale des Cuma pour savoir quel matériel serait le plus adapté.
La portance est le problème majeur de ces parcelles humides. « L’objectif est de passer partout, avec une pression des engins de 200 grammes / cm2. Un tracteur classique de cour de ferme a plutôt une pression de 500 à 1 000 grammes », rappelle Boris Moal, animateur à la FDCuma du Finistère. Un sol est aussi différemment sensible au tassement suivant sa texture. Ainsi, un sol sableux sera moins sujet à ce tassement qu’un sol plus argileux. « Il faut donc adapter la pression au travail. Sur route, cette pression doit être plus importante, car la vitesse est plus importante. En diminuant la pression des pneus au champ de 2 à 1,2 bars, l’empreinte au sol est augmentée de 10 cm ». Un pneumatique à faible hauteur de jante, donc à hauteur de flanc plus haut, pourra ainsi s’écraser suivant la charge portée, et ainsi augmenter son empreinte au sol. « Ce qui porte la charge, c’est le volume d’air. Plutôt que de parler de pneus basse pression, il vaudrait mieux évoquer des pneus grand volume d’air », explique le spécialiste du machinisme.
[caption id= »attachment_36038″ align= »aligncenter » width= »720″] Ce tracteur est chaussé de pneus larges pour une masse totale faible, de l’ordre de 2 tonnes.[/caption]
Petit mais bien chaussé
Pour en avoir le cœur net, une démonstration est organisée sur les terres humides des producteurs trégorois. Un Fendt 716, pesant 7,5 t à vide, s’élance avec des pneus de dimension 540/65 R 28 à l’avant, et de 650/65 R 38 à l’arrière, gonflé à 2 bars. Avec 5 t de moins à vide et une pression de 1,2 bar, le Renault Dionis est monté avec des pneus de 600 mm de large. Sans comparer les 2 tracteurs, ces engins ont réussi à faucher jusqu’à une certaine limite. « La difficulté n’est pas tant la fauche, mais la récolte par la suite du fourrage », estime Pascal Beuzit. Des solutions de mécanisation existent, comme un équipement spécifique en chenille avant et/ou arrière, mais le coût de cette modification doit être raisonnable pour respecter une boucle vertueuse.