La nature est bien faite. Les vaches adorent le gaillet gratteron et le gaillet gratteron aime les vaches. Ou plus exactement le gaillet aime le poil des vaches sur lequel s’agrippent ses graines crochues qui ont inspiré la fabrication de velcro. Mais à regarder de plus près, cette plante a plus d’un fil à ses lianes entremêlées. Ainsi, quand dans une frénésie gourmande, une vache tire à elle cette plante sans fin, elle opine vivement du chef pour tenter de briser cet embrouillamini végétal. La plante profite d’être ainsi remuée dans tous les sens pour lâcher ses petites boules qui auront ainsi une chance de voyager à dos de vache. Un vrai pot de colle cette plante, également connue sous le nom très romantique de gratte-cul !
Cette liaison intime entre le gaillet et la vache ne s’arrête pas là.
Selon une croyance populaire, cette plante renferme une enzyme capable de faire cailler le lait. Cette prétendue propriété est à l’origine de son nom populaire « caille-lait » et de son nom scientifique issu du genre Gallium, dérivé du grec gala, signifiant lait. Pure croyance a démontré Parmentier – le célèbre promoteur de la pomme de terre –. Il existe même à ce sujet une légende fantastique selon laquelle la seule présence de ces plantes au voisinage des étables suffit pour changer le lait en fromage au moment de la traite. Une chose est sûre : à défaut de transformer le lait en fromage, le gaillet peut transformer l’eau en café. Pendant la guerre, ses graines étaient utilisées comme ersatz de café. Pas étonnant quand on sait que le gaillet fait partie de la grande famille des rubiacées, à laquelle appartient aussi le caféier.