Le bio n’est plus une niche en France. Pour preuve, l’an dernier le bio a généré 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’Hexagone.
« Les consommateurs changent, ils consomment moins et mieux. Ils se disent prêts
à payer plus cher pour du sans OGM, sans antibiotique, biologique et pour plus de bien-être animal. Nous connaissons leurs attentes et construisons des filières longues et durables pour y répondre », déclare Marie Grimaldi, directrice nutrition animale du groupe Avril lors de l’inauguration de l’usine d’aliment Alinat spécialisée en bio à Guingamp. Le biologique n’est plus une niche en France. Notre marché national est même le deuxième d’Europe avec ses 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « La France totalise 17 000 entreprises bio et 3 700 fermes biologiques dont 1 390 exploitations avicoles. Les grandes cultures occupent 5 000 ha avec une progression de 20 % des surfaces en un an », indique Goulven Oillic d’Initiative Bio Bretagne (IBB).
71 % des produits bio consommés en France sont d’origine française, pour la viande ce chiffre atteint même 98 %. Par contre le déficit en bio est fort sur les fruits et les céréales. Le marché est en plein bouleversement. Si avant, le 1er critère d’achat était le prix, aujourd’hui c’est de plus en plus la qualité des produits qui influence les consommateurs.
Le bio a besoin de la GMS
« Avec du lait bio vendu à moins de 1 € du litre cela devient accessible à tous les consommateurs. Les GMS permettent de démocratiser le bio, notamment pour les œufs et le lait qui sont en majeure partie commercialisés dans ce circuit de distribution. Par conséquent, les producteurs bio ont aussi besoin de la GMS », fait remarquer Goulven Oillic. D’ailleurs les productions de lait et d’œufs bio se développent très rapidement ce qui est moins vrai pour le porc. « Malgré tout, il faut rester vigilant avec la GMS, Carrefour et leclerc développent des magasins spécifiques bio. À l’avenir, le risque est qu’ils aillent chercher leurs produits dans les pays ou ils sont moins chers car le cahier des charges est européen et chaque pays en a une lecture différente », pointe le chargé de filières d’IBB.
Attention aux matières premières
Pour répondre à la demande en alimentation biologique grandissante avec le développement de l’élevage bio notamment en pondeuses, il va falloir faire un gros travail sur l’approvisionnement en matières premières. « Nous devons être certains de l’origine de nos matières premières et de ce que nous allons utiliser dans nos usines. Plus l’approvisionnement vient de loin, plus il est dur d’être sûr que cela soit du bio. D’ailleurs, une personne est dédiée à la sélection des entreprises qui vont fournir le groupe Avril en matières premières biologiques », explique Pierre-Arnaud Wacquez, de Sanders Bretagne. Concernant l’approvisionnement en matières premières locales, la solution passe en partie par le lien au sol.
Pour Julien Sauvée, éleveur en Ille-et-Vilaine et membre de la fédération régionale des agriculteurs biologiques (FRAB) : « Il n’est pas cohérent de développer des bâtiments de 24 000 pondeuses bio sur des exploitations dont les terres restent en conventionnel. » Pierre-Arnaud Wacquez répond : « Les techniques culturales en bio font peur aux agriculteurs en conventionnel. Afin de les rassurer sur les itinéraires culturaux et les rotations à mettre en place nous nous rapprochons de la Frab. Nous n’allons pas réinventer les choses alors que certains agriculteurs ont déjà une grosse expérience et font très bien les choses. »