Quand l’épandeur ne quitte plus le champ

Le digestat de Cap Metha est valorisé par les cultures de maïs voisines. - Illustration Quand l’épandeur ne quitte plus le champ
Le digestat de Cap Metha est valorisé par les cultures de maïs voisines.
Vida’Fos propose un service d’épandage sur les cultures qui limite le tassement, optimise la fertilisation et fractionne les apports de matières fertilisantes pour suivre les besoins de la culture. Sur maïs, l’outil bine et épand en même temps.

Laisser le matériel d’épandage au champ et l’approvisionner en effluent ou en digestat de méthanisation au fur et à mesure du chantier par semi-remorque : l’action est rendue possible par une entreprise spécialisée installée dans le Sud-Finistère. Parti du constat que « peu de tonnes à lisier possèdent des enfouisseurs », André Le Goff, gérant de la société Vida’fos, s’est équipé d’un tracteur Xérion de chez Claas, entièrement dédié à l’apport de fertilisant organique sur les cultures.

Un chantier propre

Un des gros avantages du procédé réside dans les 30 m3 de matières amenées sur le chantier par les camions. L’automoteur d’épandage pompe le liquide depuis le champ, pour remplir sa cuve de 15 m3. « Le produit est posé par la pompe dans la cuve, il n’y a pas de formation de mousse, donc pas d’évaporation ni de pertes de stockage. Une moindre évaporation limite la volatilisation ainsi que le dégagement d’odeur. Six camions peuvent être dédiés à l’apport de l’effluent au champ, suivant les distances entre l’exploitation et la parcelle. Nous pouvons monter dans les fortes cadences à 1 000 m3 épandus par heure ».

[caption id= »attachment_35916″ align= »aligncenter » width= »720″]L’épandeur puise le lisier ou le digestat depuis le champ. Il est aussi plus simple de manœuvrer dans les parcelles en comparaison avec un ensemble tracteur et tonne. L’épandeur puise le lisier ou le digestat depuis le champ. Il est aussi plus simple de manœuvrer dans les parcelles en comparaison avec un ensemble tracteur et tonne.[/caption]

La structure du sol préservée

Pour Quentin Sergent, dirigeant de la société de production d’électricité Cap Metha de Beuzec-Cap-Sizun (29), l’outil permet de valoriser les digestats de son unité de méthanisation. Le liquide dosant 4,2 unités d’azote, 2,8 de potasse et 4 de phosphore vient nourrir les cultures voisines. « La structure du sol est préservée comparée à des passages répétés d’une tonne à lisier et d’enfouisseurs. Ici, tout est réalisé en 1 passage ». Les roues décalées et étroites du Xerion limitent aussi le tassement et différents outils sont adaptés lors de l’épandage. « Nous pouvons adapter les pneumatiques à la culture avec différentes largeurs. L’épandeur peut être équipé d’enfouisseurs pour une largeur de travail de 6 m, d’injecteurs (pour 8 m d’injection), de pendillards 13 rangs ou encore d’une bineuse couvrant 8 rangs ». En 1 seul passage, la culture est désherbée et fertilisée.

Coller à la réglementation

La vitesse d’exécution de ces chantiers d’épandages redonne de la souplesse lors des semis de maïs. « Les calendriers d’épandage sont courts, et les lisiers peuvent recevoir par la suite des précipitations importantes. Ici, les matières sont enfouies, à l’abri du lessivage. Cette technique ouvre des perspectives, on peut imaginer un épandage d’une partie de l’effluent avant le semis, l’autre après une fois la culture en place », pense Sophie Bourhis, conseillère à la Chambre d’agriculture. Une façon de suivre l’évolution des besoins nutritifs des plantes.
Les semi-remorques acheminent, suivant la distance entre la parcelle et le site de pompage, « 2 à 4 fois plus vite qu’une tonne classique », chiffre André Le Goff, qui ajoute que les ensembles routiers « respectent les 44 tonnes au total ». Certaines municipalités interdisent le passage de tracteurs en chantier d’épandage.


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