Ramener de la marge vers la production

Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne ; Serge Le Bartz, président de D’aucy ; Philippe Leseure, directeur filières de LSDH. - Illustration Ramener de la marge vers la production
Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne ; Serge Le Bartz, président de D’aucy ; Philippe Leseure, directeur filières de LSDH.
Les habitudes et les modes de consommation changent. Le consommateur est de plus en plus sensible aux produits d’origine française et se préoccupe d’une plus juste répartition de la marge.

« L’agriculture ne se résume pas au bien-être animal et au glyphosate », lance Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne lors de l’assemblée générale du syndicat, le 29 juin à Rennes (35). S’en est suivi un débat ayant comme thème : « Répondre à la fois aux attentes des consommateurs et à la nécessité de revaloriser les revenus des agriculteurs, c’est possible. Mais sous quelles conditions ? » Juliette Rebours, des Jeunes Agriculteurs de Bretagne, plante le décor. « La population vieillit, nous basculons sur un mode de vie plus individualiste avec des consommateurs qui renforcent le lien entre l’alimentation, la santé et le bien-être. La tendance est à la méfiance et à la baisse de la consommation de protéines animales. » Elle poursuit : « Nous nous orientons vers une augmentation des produits “sans” mais aussi avec moins de sel, moins de gras, moins de sucre… Les produits locaux seront de plus en plus mis en avant. Les produits transformés vont se développer au détriment de la viande fraîche. »

Arrêt des œufs en cage

Serge Le Bartz, président de la coopérative du groupe alimentaire d’aucy prend l’exemple des œufs issus de l’élevage cage : « Nous avons décidé et affiché notre décision d’arrêter cette production d’ici 2025, en tenant compte de la possibilité des adhérents d’évoluer vers un autre mode de production. » La laiterie de Saint Denis de l’Hôtel (LSDH) a fait le choix il y a quelques années lors de la crise laitière de se diversifier en produisant des jus de fruits et des jus végétaux. Aujourd’hui, cela représente 41 % de son activité. Le lait et les crèmes sont en développement et font 38 % de l’activité. Au plus bas ils en représentaient 25 %. « Nous travaillons avec 1 300 matières premières différentes, le service recherche et développement est composé de 35 personnes et nous sortons un nouveau produit tous les deux jours. Nous devons innover sans cesse pour trouver de nouveaux marchés », explique Philippe Leseure, directeur filières de LSDH.

Communiquer sur les efforts de la profession

Par le passé, la profession agricole n’a pas assez communiqué sur les efforts faits en permanence par les éleveurs sur le bien-être animal et l’environnement et cela sans revalorisation de leur revenu. « Aujourd’hui, le consommateur commence à en prendre conscience et demande de plus en plus des produits d’origine France. Par conséquent, la GMS suit cette tendance. La demande augmente en bio et en agriculture raisonnée. Se remettre en cause en permanence est le quotidien du monde agricole », témoigne Serge Le Bartz. Il a récemment rencontré des responsables de la GMS pour leur rappeler le quotidien des agriculteurs et leur indiquer l’urgence de ramener de la marge vers la production. « Ils commencent à en prendre conscience et cherchent à contractualiser car ils s’inquiètent d’une pénurie possible sur certains produits agricoles. » 

C’est qui le patron ?

Philippe Leseure explique la démarche du lait vendu sous la marque « C’est qui le patron ? » « La marque du consommateur propose des produits validés en amont par les consommateurs en fonction de leurs attentes et de leurs choix réels. Ils sélectionnent les critères essentiels qui composent les conditions de fabrication du produit en connaissance de leur impact sur le prix de vente final. Pour le lait, 8 000 consommateurs ont répondu à l’enquête. Ils ont fait grimper le prix du lait “C’est qui le patron“ de 0,69 €/L à 0,99 €/L en fonction de leurs choix sur la rémunération du producteur, l’origine, le pâturage et l’alimentation sans OGM. » La marque représente actuellement 10 % des ventes de lait en brique en France et cela sans publicité, sans commerciaux pour le mettre en place en magasins et avec une brique moche à laquelle aucun expert du marketing ne croyait.


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