« En fait-on trop pour le bio ? ». « On n’en fait pas assez pour le bio ». Le débat est dual au sein de la profession agricole. D’un côté, des agriculteurs qui ne renieraient pour rien au monde leur modèle d’agriculture conventionnelle. De l’autre, des puristes de la bio, souvent pionniers, n’appréciant guère les « opportunistes » qui se convertissent au risque de déstabiliser le modèle économique de la bio. Mais le débat est-il là ?
Selon l’Agence Bio française, 85 % des consommateurs estiment « important de développer l’agriculture biologique ». Un plébiscite qui ne se mesure pas seulement dans les intentions, mais aussi dans les actes puisque le marché de l’alimentaire bio, en augmentation de 17 % sur un an, a atteint plus de 8,3 Md € en 2017. La proposition des États généraux de l’alimentation d’atteindre 15 % de surface agricole en bio à l’horizon de 2022 s’inscrit dans cette tendance. Pour accompagner ce développement, le plan « Ambition bio 2022 » est doté de plus d’un milliard d’euros sur 4 ans.
En toile de fond, l’objectif de soutenir l’emploi –12,5 % de l’emploi agricole est dans le bio– et de réduire le déficit de la balance commerciale de ce secteur alimentaire qui repose pour 31 % sur l’importation (+ 2 % en un an). Enfin, plutôt que de se disputer la paternité du bio et d’opposer les écoles, les agriculteurs ont tout intérêt à unir leurs forces pour conserver la plus-value qui, jusqu’ici, a contribué au succès du bio dans les fermes. Depuis 2017, les grandes et moyennes surfaces réalisent en effet plus de 40 % du chiffre d’affaires de la bio alors que la vente directe dont on parle tant affiche 12 % des ventes. La guerre du bio ne fait que commencer et le champ de bataille n’est pas toujours où l’on croit.