«Je prends la décision de quitter le gouvernement», a annoncé le ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot au micro de la matinale de France Inter le 28 août. Après de nombreuses suspicions de démission au cours des mois derniers, son départ n’était plus vraiment attendu. Au bout de 15 mois, Nicolas Hulot jette l’éponge. «Je ne veux plus me mentir, je ne veux plus donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie que l’on est à la hauteur sur ces enjeux-là», a-t-il expliqué. Et de préciser : «J’ai une immense amitié pour ce gouvernement auquel je m’excuse de faire une mauvaise manière». Quelques minutes avant cette annonce, le ministre se plaignait de l’avancée de certains dossiers: «Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation des pesticides? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à se mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols? La réponse est non.»
La CR attend un successeur avec qui «travailler en bonne intelligence»
La Coordination rurale, rappelant ses désaccords avec le ministre démissionnaire Nicolas Hulot, a souhaité le 28 août un successeur avec qui «travailler en bonne intelligence». Il s’agit de «remettre l’écologie à une place qui permette une agriculture durable et productive, destinée à nourrir la population en quantité suffisante et avec une qualité irréprochable», selon un communiqué. Également de préserver «un environnement où les équilibres naturels sont tenus dans le respect d’une hiérarchie qui reconnaît la prévalence de l’Homme sur l’animal et celle de l’animal domestique sur les prédateurs», poursuit la CR.
Une absence de politique agro-environnementale» pour la Conf’
La démission de Nicolas Hulot « confirme l’absence de politique agro-environnementale globale de ce gouvernement, qui refuse de remettre en cause le modèle agricole dominant », a commenté la Confédération paysanne. Elle résulte, de l’aveu même de l’intéressé, « de son échec à imposer un changement de modèle ». Sur la question des pesticides, « il n’a pas réussi » à pousser les dossiers en faveur d’un changement de pratiques. Ses conseillers « n’ont d’ailleurs pas soutenu l’évolution de la législation sur les préparations naturelles peu préoccupantes (comme le purin d’ortie, le sel de mer, le vinaigre ou le talc), pourtant nécessaire », regrette le syndicat agricole.
«On pouvait parler et il écoutait»
La présidente de la FNSEA Christiane Lambert rappelle qu’elle avait de «vrais sujets de désaccord» avec le ministre de l’Écologie, comme la gestion du loup ou de l’ours – «nous n’avons pas réussi à le convaincre sur ces sujets», tout comme le dossier du glyphosate. Mais «on pouvait parler et il écoutait», met en avant Christiane Lambert, qui rencontrait le ministre et son équipe à raison d’une fois par trimestre. «Sur les phytosanitaires, il a reconnu les efforts faits par les agriculteurs», relève Christiane Lambert, qui rappelle qu’il avait «fait sien», lors du dernier Salon de l’agriculture, le Contrat de solutions porté par le syndicat. «Et il a pris des coups, notamment de la part des ONG qui l’accusaient d’être complaisant avec la FNSEA.»