Des huiles essentielles pour sécuriser les génisses

Paul Guernion est satisfait du suivi et des résultats de l’essai Sencix SD, à base d’huiles essentielles. - Illustration Des huiles essentielles pour sécuriser les génisses
Paul Guernion est satisfait du suivi et des résultats de l’essai Sencix SD, à base d’huiles essentielles.
Sécuriser la croissance des génisses est un enjeu important en élevage laitier. La phase 0-6 mois est une phase sensible pendant laquelle il est important de maintenir des GMQ élevés (900 g/j). Pourtant, de nombreux stress, comme des modifications de l’alimentation, l’écornage, des changements de cases et de bâtiments peuvent impacter la croissance des animaux.

Plusieurs facteurs de risque favorisent la survenue de troubles pendant la phase de croissance des génisses : augmentation de la taille des troupeaux, désinfection des niches et des cases collectives peu fréquente, manque de moyens de suivi des croissances et des ingestions des génisses. Conséquence : le coût du renouvellement représente 23 €/1 000 L en moyenne en élevage, mais varie entre 5 à 50 €/1 000 L. L’âge au vêlage est un levier majeur : le coût d’élevage des génisses augmente de 250 € pour un vêlage à 30 mois comparé à un vêlage 24 mois.

Dans ce contexte, la coopérative Triskalia a testé et validé un programme alimentaire à base d’huiles essentielles et de plantes afin d’atténuer les réactions liées au stress chez les génisses laitières, notamment lors d’épisodes de diarrhées parasitaires.

Un programme validé en élevage

Le programme, baptisé Sencix SD (Sécurité Digestive), consiste en l’administration, en continu dans l’aliment, d’un mélange d’huiles essentielles entre 1 et 6 mois d’âge environ, avec, en complément, une administration unique d’huiles essentielles sous forme liquide dans la semaine précédant le sevrage. « L’objectif de cette administration au sevrage est d’apporter une dose minimale d’huiles essentielles sur cette phase critique, pour laquelle on sait que les consommations d’aliment sont assez variables d’une génisse à l’autre » précise Pierre Clément, un des vétérinaires de la coopérative. Pour tester ce programme, 7 élevages ont été suivis 1 fois par mois pendant 9 mois (août 2017 à avril 2018).

[caption id= »attachment_37029″ align= »aligncenter » width= »720″]Ludovic Botrel, du  Gaec Botrel, plébiscite la simplicité du programme. Ludovic Botrel, du Gaec Botrel, plébiscite la simplicité du programme.[/caption]

À chaque visite, des suivis de croissance, de consistance des bouses et des coproscopies ont été réalisés afin de suivre l’évolution des performances de croissance et l’infestation parasitaire. Au total, il y a eu plus de 530 génisses suivies en contrôle de croissance et 200 coproscopies réalisées. En moyenne, les GMQ naissance-pesée sont restés stables au cours de l’essai, entre 812 et 853 g/j. Le pourcentage de veaux excrétant des Eimeria pathogènes (coccidies) est resté très bas au cours de l’essai, inférieur à 5 % des veaux prélevés. Globalement, les performances mesurées sont identiques à celles obtenues avant inclusion dans l’essai. Pourtant, les 7 élevages de l’essai n’ont pas utilisé de prévention médicamenteuse pour gérer les diarrhées liées aux parasites digestifs au cours de l’essai alors qu’auparavant ils utilisaient des médicaments.

Simple et efficace

Pour Ludovic Botrel, du Gaec Botrel à Hillion (22) qui a participé à l’essai, « le programme est simple. Les veaux reçoivent les huiles essentielles dans l’aliment entre 20 jours d’âge et 8-9 mois d’âge. Pour la partie buvable, la semaine du sevrage, elle est administrée directement dans la gueule des animaux à l’aide d’une pompe doseuse ». Paul Guernion, du Gaec des 3 villes à Pommeret (22) se rappelle : « on avait un peu peur au départ par rapport à l’appétence des produits parce qu’ils sentent assez fort. Et finalement il n’y a eu aucun problème d’appétence, les génisses se sont très bien adaptées. Même pour ingérer les huiles essentielles au sevrage, qui étaient distribuées dans la buvée ».

Les éleveurs constatent aussi que le programme Sensix SD permet de sécuriser la croissance des génisses. Ludovic Botrel souligne : « On n’a pas vu de différence au niveau des croissances, de la santé des veaux et des diarrhées liées à la présence de parasites digestifs par rapport à avant où nous utilisions des médicaments pour prévenir les diarrhées ». Les éleveurs apprécient aussi d’utiliser l’usage des produits naturels, dans un contexte où il y a une forte demande sociétale d’utiliser moins d’antibiotiques et d’anticoccidiens en élevage.

À l’issue de l’essai, les éleveurs vont continuer le programme Sencix SD « pour les bons résultats obtenus, qui permettent de faire des vêlages à 23-24 mois en moyenne » précise Ludovic Botrel. L’éleveur en est convaincu : « L’argent que l’on met au démarrage dans l’élevage des génisses, on le retrouve facilement par des vêlages précoces sur des génisses qui ont eu un bon développement ».


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