Détecter plus tôt et parer de petits lots

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Pour Marc Delacroix, une organisation collective et une volonté commune, s’appuyant sur le trépied éleveur-vétérinaire-pareur, sont nécessaires pour endiguer l’impact des boiteries en élevage.

Invité lors d’une journée technique organisée par la société Zinpro, Marc Delacroix démarre sur les chapeaux de roue. « Manque d’organisation, de compétences… En matière de boiterie, ce qui pêche le plus, c’est l’homme. » Pourtant, pour le spécialiste, en se retroussant les manches, il est possible d’en atteindre une « maîtrise correcte ». Le vétérinaire rappelle qu’il est communément admis que les boiteries sont la 3e pathologie en termes d’impact économique en élevage laitier après l’infécondité et les mammites. « Mais dans certaines exploitations, elles se placent en 1re ou 2e position… »

Gravité et complexité des cas augmentent

Il rapporte que la vulgarisation des robots de traite a aidé à révéler cette problématique alors qu’elle était déjà présente : « On a remarqué que des vaches n’allaient pas se faire traire… » Si le phénomène n’est pas nouveau donc, « la gravité et la complexité des cas augmentent ». Pourtant, « même si les lignes commencent à bouger sur le terrain et dans les écoles vétérinaires », Marc Delacroix estime que la boiterie demeure « trop souvent le parent pauvre » en matière de pathologies bovines : « Le vétérinaire est souvent absent sur la question, le pareur est pressé et pas forcément disponible sur le pouce et l’éleveur n’est pas formé… »

Un passage du pareur plus fréquent

« Maillon essentiel de la lutte », le pareur intervient encore trop souvent une ou deux fois par an de façon globale sur bon nombre d’élevages. « Un gros tas de corne à l’entrée de l’étable est une gageure… Mon souhait serait que le pareur passe plus souvent pour intervenir de manière ciblée sur des lots en fonction du stade physiologique des animaux », martèle Marc Delacroix à destination des éleveurs. « Cela doit devenir la règle, d’ailleurs des contrats commencent à apparaître dans les campagnes. » Et de citer l’exemple d’un de ses clients en traite robotisée qui « note tout » chez qui il a paré récemment 20 vaches : « Il m’a expliqué qu’en 8 jours, il avait rentabilisé mon intervention grâce à la hausse de performances… »

L’éleveur est celui qui détecte les boiteries. « Mais il est nécessaire qu’il améliore son coup d’œil, qu’il se forme. » Car, le spécialiste le répète à l’envi, la détection des boiteries doit être beaucoup plus précoce qu’aujourd’hui. « En fait, elle doit s’intégrer dans le planning quotidien des producteurs de lait, comme la surveillance des mamelles ou de la reproduction. » Et puis, l’éleveur doit disposer d’un système de contention adapté (« même le plus simple ») pour travailler en sécurité car il a un rôle d’infirmier capable d’apporter les premiers soins pour éviter de se retrouver « démuni » quand pareur et vétérinaire ne sont pas disponibles.

Marc Delacroix a aussi un message pour les vétérinaires. « Pour un praticien, il est intéressant, utile, efficace et rentable de s’intéresser aux boiteries. Les soigner est même au cœur de son métier, mais il faut se former en continu, y passer du temps. » Il a même une petite pensée pour les étudiants vétérinaires : « En sortant de l’école, ils doivent déjà savoir parer, c’est un soin de base. »

Diminution forte des antibiotiques

Pour Marc Delacroix, la maîtrise des boiteries doit s’appuyer le trépied éleveur-pareur-vétérinaire. « Quand chacun joue son rôle et que tout le monde tire dans le même sens, la situation s’améliore fortement et on voit diminuer de façon drastique le recours aux produits, notamment les antibiotiques. En écho avec les exigences du plan Ecoantibio et des attentes sociétales… »


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