Ensilage : « Je ne m’attendais pas à une telle avance »

L’analyse visuelle, jeudi 13 septembre, du stade de maturité du grain selon les grille Arvalis, confirmée par l’analyseur AgriNIR, a déterminé un maïs à 28% MS à ensiler sous 15 jours. - Illustration Ensilage : « Je ne m’attendais pas à une telle avance »
L’analyse visuelle, jeudi 13 septembre, du stade de maturité du grain selon les grille Arvalis, confirmée par l’analyseur AgriNIR, a déterminé un maïs à 28% MS à ensiler sous 15 jours.
L’ensilage a démarré cette semaine pour les maïs précoces dans les terres léonardes. Plein feu sur l’ensilage la semaine prochaine dans ce secteur avec en moyenne 12 jours d’avance.

« D’habitude, j’ensile vers la mi-octobre. La maturité du maïs étant plus précoce cette année, j’ai réservé l’entraide pour le 7 octobre. Mais on m’annonce un maïs prêt à ensiler pour le 25 septembre. Je ne m’attendais pas à une telle avance », s’étonne Clément Gourmelon, éleveur à Plouguin (29).

Un épi sec sur une plante verte

« Je voyais bien les spathes blanchir mais je situais mon maïs plutôt à 26 %, pas à 28 % MS ». Ses parcelles de maïs encore verdoyantes, semées après pâture début mai, arrivaient à 27,5 % MS jeudi 13 septembre, lors d’une rencontre matière sèche organisée par le BCELO à Plourin (29). « Quand les spathes blanchissent sur une plante verte, c’est un bon repère, on se situe vers 28-29 % MS », rappelle Jean-Luc Jaouen, technicien à BCELO. Il va évoluer d’un point de matière sèche pour une somme de température (base 6°) de 23° pour un maïs à 28 % de MS — soit un point tous les deux jours — et de 20° pour un maïs à 32 %.

Le planning d’entraide pour le chantier d’ensilage va donc être décalé. L’éleveur a récolté son maïs à 37 % MS l’année passée : « C’est plus dur à tasser, l’ensilage chauffe sur le pourtour du tas et les vaches calent sur le fourrage, même en fin de campagne. » Aussi, il souhaite cette année ensiler entre 32 et 35 % de MS, niveau optimal pour la meilleure expression du potentiel des maïs.

Douze jours d’avance en moyenne

La moyenne des taux observés à Plourin (29), jeudi 13 septembre, était de 28,7 % de MS, avec des maïs allant de 24,6 % à 33,6 % MS. « Par rapport aux dernières années, on peut observer 10 à 12 jours d’avance en moyenne pour un objectif de récolte de 32 à 35 % de MS », analyse Éric Loaec, référent secteur Iroise à BCELO, et ce, malgré des dates de semis espacées et plutôt en retard par rapport aux autres années. Mais avec des températures au-dessus de la normale en juin et juillet (+2 °C), le maïs a pris de l’avance. Le phénomène a été accéléré par l’absence ou la faible pluviométrie, même si en août l’ensoleillement n’a été que de 91 % par rapport à la moyenne des dernières années sur Brest. 

Rendements et qualité impactés par la verse

[caption id= »attachment_36967″ align= »aligncenter » width= »720″]Parcelle versée au Cloître-Saint-Thégonnec (29), où il a fallu 5,5 heures pour ensiler 3,6 ha. Parcelle versée au Cloître-Saint-Thégonnec (29), où il a fallu 5,5 heures pour ensiler 3,6 ha.[/caption]

Des températures élevées en juin/juillet ont permis une croissance très rapide des maïs. Un coup de vent au 29 juillet (voir Paysan Breton du 3 août) a fait verser les maïs les plus fragiles, avec des tiges fines, au moment où les racines d’ancrage se formaient. Ce phénomène rare pour le mois d’août toucherait certaines variétés plus sensibles à la verse, sous l’impact de facteurs climatiques cumulés – vent et pluie – importants pour la saison dans certains secteurs, le Léon étant le plus touché. Travail de patience à la récolte Après le stade fécondation, peu de maïs se sont relevés. « 25 % des surfaces de nos clients sont entièrement au sol, la moitié sont versées et le reste plus ou moins brouillé », relève l’ETA Mao à Lannilis (29).

Ces maïs ont eu plus de mal à s’alimenter en eau et manquent de photosynthèse, une compétition avec la lumière s’installant avec des tiges environnantes hautes de 2,5 à 3,30 mètres. Conséquence : les épis sont moins grands, pas remplis à 100 % et moins lourds. Dans certaines parcelles, ces tiges couchées forment un jeu de mikado. Les chauffeurs doivent rechercher le sens le mieux adapté : « Perpendiculairement à la tige tombée au sol semble la solution la moins mauvaise », pense Jean-Pierre Mao après quelques essais. Et de rajouter : « Mais avec des matériels adaptés. Les becs sont modifiés. Les pointes doivent être allongées, pour réussir à relever ce maïs lourd et qui fait ressort, les tiges s’étant de nouveau enracinées depuis le 29 juillet. » Le débit de chantier s’en ressent…

[caption id= »attachment_36968″ align= »aligncenter » width= »720″]Dans une même parcelle, les épis des tiges versées (à droite) sont moins mûrs, plus petits et moins bien remplis que ceux issus de tiges non versées (à gauche). Dans une même parcelle, les épis des tiges versées (à droite) sont moins mûrs, plus petits et moins bien remplis que ceux issus de tiges non versées (à gauche).[/caption]

« Nous sommes plus près de 0,5 à 1 ha/heure que de la vitesse habituelle de 2 à 3 ha/heure ». Vigilance face à l’apport de terre dans le silo Si le rendement peut être impacté, « il y a également des questions au niveau de la qualité », avertit Jean-Luc Jaouen, technicien BCELO. Si les ensileuses arrivent à récupérer ces tiges, il y a des risques d’amener de la terre dans le silo, en ensilant des feuilles qui ont pourri au contact du sol ou en arrachant des racines, avec des problèmes de butyriques à la clé. Qualité du fourrage, rendement, temps de travail… La facture de ce coup de vent pèsera lourd sur les trésoreries.


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