La valse du blé

Quand Vladimir Poutine valse avec la ministre des Affaires étrangères autrichiennes, est-ce toute l’Europe qu’il fait danser ? Le pas adroit du président russe sur un balcon verdoyant des collines du sud-est autrichien apparaît en effet comme un pas maladroit pour le Conseil de l’Union européenne actuellement présidé par l’Autrichien Sebastian Kurz. Car, à n’en pas douter, le président russe entend bien profiter de la cacophonie des Vingt-huit pour affaiblir une Union européenne décidément incapable de se souder politiquement.

Et tous les moyens sont bons. Premier exportateur mondial de blé, la Russie entend aussi mener la valse des prix. Tantôt en menaçant de restreindre les exportations, ce qui fait flamber le cours du blé. Puis quelques jours plus tard en feignant d’inonder le marché pour anticiper de nouvelles sanctions américaines. Le marché de Chicago réagissant à la première fausse note de musique sans prendre le temps d’ouvrir les portes du grenier pour connaître l’état réel des stocks. Et c’est ainsi que le cours du blé se laisse emporter dans la frayeur des montagnes russes. Alors que le marché physique mondial du blé est largement suffisant pour couvrir les besoins, comme l’évoquait Patricia Le Cadre, directrice des études « alimentation et filières animales » au Céréopa, dans le Paysan Breton du 20 juillet.

Une chose est par contre certaine : à 200 €/t, le prix du blé n’est pas trop élevé. « C’est le prix de la viande qui ne l’est pas assez », répètent les syndicalistes bretons depuis des années. De même, avec des prix de vente inférieurs aux coûts de production depuis 2013, les céréaliers doivent composer avec de faibles marges. Décidément céréaliers et éleveurs sont emportés dans la même valse interminable de l’injuste prix.


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