Le travail rentable

Le changement du rapport au travail touche désormais toute la société. Y compris l’agriculture. Ainsi voit-on des agriculteurs organiser leur travail en fin de semaine pour se libérer le samedi après-midi et faire le service minimum le dimanche. Ainsi voit-on des éleveurs rentrer chez eux à 18 h après la traite. Avant les 35 heures, de tels comportements auraient suscité la moquerie et la suspicion. Dans les campagnes où la valeur travail a toujours été sur un piédestal, ces agriculteurs très organisés auraient été en fait catalogués de fainéant.

Mais, alors que le rapport au travail continue de se modifier en profondeur, les critères techniques utilisés pour mesurer la performance des exploitations – et indirectement celle des agriculteurs – n’ont paradoxalement pas changé. Il existe peu, voire pas, de critères technico-économiques dont la référence est le temps de travail. Or, les derniers gains techniques sont ceux qui sont les plus chronophages. Une vache très sollicitée en production a plus de chance de demander plus d’inséminations et de soins qu’une vache moins poussée et plus rustique. Ce qui est vrai en production laitière l’est aussi dans les autres productions animales et végétales.

À l’heure où la main-d’œuvre devient un facteur limitant dans de nombreuses exploitations, le recours à de nouvelles unités de mesure s’avère opportun. La simplification des systèmes de production participe à économiser un facteur de production qui devient rare et cher : la main-d’œuvre. La simplification n’est pas l’ennemie de l’efficacité ; elle préserve du stress et de la fatigue qui trop souvent épuisent les femmes et les hommes. Chose que ne remplissent pas forcément les technologies qui exigent rigueur, réactivité et génèrent de nouvelles astreintes.


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