Les Terres de Jim, marque qui porte les finales nationales de labour depuis 2014, sont un événement d’envergure pour les Jeunes Agriculteurs, attirant plus de 100 000 visiteurs chaque année.
En 2018, c’est la Bretagne qui accueille cette fête agricole (la plus grande d’Europe en plein air !). La dernière fois que la finale nationale de labour a eu lieu en Ille-et-Vilaine remonte à 1986. 32 ans après, l’événement souhaite séduire plus largement le grand public pour défendre « une vision juste de nos campagnes, modernes, vivantes, attrayantes et festives », comme le soulignent les organisateurs.
Au vu du programme riche de conférences et animations pour tous les âges, nul doute que les visiteurs viendront en nombre découvrir et s’amuser avec les agriculteurs du Pays de Fougères. Au travers de cet événement, les Jeunes Agriculteurs ont aussi souhaité attirer l’attention sur une problématique devenant plus complexe sur des structures d’exploitations grandissantes : la main-d’œuvre. « Il nous faut redorer le blason des métiers de l’agriculture et faire savoir qu’ils recrutent », soulignent-ils. Sur la Communauté de communes « Couesnon Marches de Bretagne », l’agriculture et l’agroalimentaire pèsent près de 35 % des emplois.
La journée du vendredi des Terres de Jim va être dédiée à la promotion des métiers de l’agriculture. Des informations sur l’installation et le salariat seront délivrées et des offres d’emploi proposées.
[caption id= »attachment_36565″ align= »alignright » width= »318″] Florian Salmon, président JA 35 (à gauche), et Olivier Sourdin, président du comité d’organisation.[/caption]
C’est dans une zone agricole dynamique que Les Terres de Jim font escale cette année. « Notre département fait partie de ceux qui renouvellent le plus, avec une moyenne de 120 à 130 installations aidées par an sur les dernières années », souligne Florian Salmon, président des Jeunes Agriculteurs d’Ille-et-Vilaine (JA 35). Le syndicat compte 650 adhérents, comprenant aussi des salariés agricoles. A l’occasion des Terres de Jim, les responsables ont souhaité consacrer la journée du vendredi à un sujet de forte préoccupation en agriculture : le travail et les besoins en main-d’œuvre.
Baptisé « L’avenir est dans le pré », l’événement va accueillir 1 700 enfants de primaire et 300 élèves d’établissements agricoles sur le site. Un Forum des métiers, des conférences sur l’installation, le salariat, les nouvelles technologies… vont être organisées, ainsi qu’un job dating. « Une vingtaine d’entreprises seront présentes pour rencontrer les personnes en recherche d’emploi. Nous souhaitons montrer que l’agriculture recrute », expliquent les JA.
Manger français, manger breton
Un autre enjeu cher au syndicat sera défendu dans les propositions de restauration du site et les ateliers culinaires : le « Manger français » et le « Manger breton ». Quelque 7 000 repas, 45 000 sandwichs et 35 000 galettes-saucisses devraient être servies sur le week-end.
Animations phares des Terres de Jim, les compétitions de labour vont mobiliser 35 ha sur les 135 ha du site. « La Finale régionale se tiendra le vendredi et la Finale nationale le dimanche. Les sélections européennes auront également lieu sur le site, ainsi qu’une démonstration de labour équin. Le samedi et le dimanche, plusieurs courses de Moiss-Batt’ cross sont organisées avec pour la 1re fois, une manche féminine. » Nouveauté aussi, la coupe de France des bûcherons dans l’Ouest, avec 30 participants.
Plus de 200 vaches en concours
« Dans notre bassin d’élevage, nous avons souhaité mettre en lumière les productions animales. Plus de 200 vaches sont attendues au concours de bovins. Un robot de traite sera en activité », précise Olivier Sourdin, président du comité d’organisation. Côté personnalités, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, visitera le site dimanche. Dans un registre différent, Sébastien Chabal, ancien rugbyman, sera présent sur le stand des Semences de France le vendredi après-midi.
De nombreuses surprises
Agnès Cussonneau
Céline Quinquis, éleveuse en production porcine, arrive à concilier vie professionnelle et vie familiale. Elle trouve encore du temps pour ses responsabilités de conseillère municipale de membre des JA du canton et pour la natation, sa passion.
Céline Quinquis s’est installée en 2016 en reprenant une exploitation située sur la commune de Pouldreuzic (29). Après l’obtention de son BTS Acse à Pommerit-Jaudy et de sa licence professionnelle, la jeune femme a exercé, durant 4 ans, le métier d’assistante comptable agricole au Cerfrance de Rostrenen (22). « C’est une expérience très formatrice qui me sert dans ma vie professionnelle puisque c’est moi qui m’occupe de la comptabilité et de la gestion de l’exploitation. Cela m’aide à analyser notre bilan. »
[caption id= »attachment_36566″ align= »aligncenter » width= »720″] Céline Quinquis a apporté sa touche féminine sur l’élevage de Peumerit : les fleurs décorent les abords de l’élevage et le portail ne passe pas inaperçu.[/caption]
Lorsque son mari, Frédéric Quinquis, s’est installé en 2012 en reprenant une exploitation porcine spécialisée en sélection à Peumerit, Céline l’a rejoint comme salariée de l’élevage. À l’époque, l’exploitation totalise 165 truies naisseur-engraisseur en sélection Large White Axiom (en lignée femelle) avec 70 hectares de cultures et une fabrique d’aliment à la ferme.
Reprise d’une exploitation en 2016
En 2016, Céline Quinquis a l’opportunité de reprendre une exploitation sur la commune de Pouldreuzic. « J’ai toujours eu comme objectif de m’installer, j’aime bien toucher à tout. Cette reprise d’une ancienne exploitation laitière nous permettait de récupérer un bâtiment pour stocker du matériel, mais surtout d’avoir 50 ha de foncier supplémentaire pour viser l’autonomie alimentaire sur l’élevage ».
« Aujourd’hui, nous sommes autosuffisants en maïs et en blé. Nous produisons 50 % de l’orge dont nous avons besoin pour l’alimentation du cheptel. L’automatisation de la Faf nous permet de gagner environ 15 heures de travail par semaine. Notre objectif est de passer à 230 truies, nous en avons 200 actuellement, et d’embaucher un salarié pour se libérer un peu de temps. » L’éleveuse est épanouie dans son métier, elle apprécie la technicité, la rigueur et la diversité qui caractérisent l’élevage de porc en sélection.
Conseillère municipale déléguée aux finances
L’installation de Céline est bien sûr un projet professionnel, mais les motivations sont aussi personnelles et familiales. L’éleveuse jongle parfaitement entre son exploitation et l’éducation de ses 3 enfants (Ewen 8 ans, Enora 4 ans et Bleuenn 8 mois). On imagine que la gestion d’une exploitation, seule avec son mari, et l’éducation de 3 enfants ne laissent pas beaucoup de temps pour faire autre chose, mais ce n’est pas le cas de la famille Quinquis. « Depuis 2014, je suis conseillère municipale déléguée aux finances sur la commune de Peumerit. Je suis membre actif pour les manifestations des fêtes de la commune. Je joue de la bombarde depuis le mois de septembre 2017 dans le Bagad de Plovan. J’essaie aussi de trouver du temps pour pratiquer la natation, sport qui me passionne depuis mon plus jeune âge. »
DES AGRICULTEURS ENGAGÉS
Nicolas Goualan
Rencontre avec un jeune agriculteur qualifié dimanche dernier, à Ploudalmézeau (29), pour la finale régionale de labour.
Au Gaec de Kerzeven, les concours de labour sont dans la peau des associés. Avec 250 ha cultivés en pommes de terre, céréales, échalotes et maïs, le labour n’a plus de secret. Sur cette exploitation, il constitue une technique simple pour nettoyer les parcelles avant l’implantation d’une culture. « Pour des semis de céréales, le passage de la charrue évite les repousses de pommes de terre. C’est aussi un outil idéal pour les semis tardifs à l’automne quand les conditions sont humides », témoigne Thibaud Oger, un des associés de cette exploitation de Locmélar (29). Le labour fait donc partie du quotidien du jeune Finistérien qui en parallèle se présente régulièrement aux différents concours de labour locaux et régionaux.
[caption id= »attachment_36567″ align= »aligncenter » width= »720″] Thibaud Oger vient d’être qualifié pour le concours régional.[/caption]
Un concours se prépare
Son premier concours, Thibaud Oger l’a confronté en 2015, lors de la fête des Jeunes Agriculteurs, à Pleyben (29). Puis, il a enchaîné les joutes départementales, comme l’édition de Guiclan (29) l’année passée qui accueillait aussi la finale régionale. Puis, cette année, ce fut Ploudalmézeau, dimanche dernier.
« Le labour est très technique et rigoureux, il faut parfaitement connaître les réglages de son outil », explique le jeune agriculteur. Pour les concours, il utilise une charrue bisocs, quelque peu modifiée. Equipé d’un corps télescopique, d’un déport hydraulique, de 2 paires de roues et d’une paire de disques, l’outil est taillé pour effectuer un travail propre et dans les règles de l’art.
Suivre les consignes
« Le jour du concours, nous disposons d’un temps d’entraînement pour apprécier la nature du sol de la parcelle. Il faut adapter la vitesse en conséquence, régler les versoirs, etc. ». Avant le début de l’épreuve, une consigne de profondeur de labour est donnée au participant (entre 16 et 20 cm). Dans un concours départemental, une tolérance de +/- 1 cm est accordée aux laboureurs. Cette tolérance ne sera plus que de 0,5 cm dans une compétition régionale.
La parcelle est tirée au sort. Le jury regarde de près le 1er sillon d’ouverture. « Le labour doit être bien droit, avec une terre correctement émiettée, les coups de versoirs doivent être visibles. Chaque participant peut venir avec un commissaire ; ce dernier faisant le relais entre le jury et le laboureur en cas de problème », décrit Thibaud Oger qui vient de se qualifier pour la finale régionale et, qui sait, peut-être pour le concours national qui aura lieu le week-end prochain dans le cadre des Terres de Jim, en pays de Fougères. « Le concours national offre un très bon niveau, avec très peu de différences entre laboureurs », observe-t-il. L’essentiel est de participer conclut Thibaud Oger qui aimerait bien faire des émules pour participer aux futurs championnats.
Fanch Paranthoën
[box type= »info » align= » » class= » » width= » »]Infos pratiques
- Du 7 au 9 septembre à La baudussière à Javené (accès fléché).
- Vendredi : journée gratuite ouverte à tous – Entrée : 3 € le samedi et dimanche (gratuit pour les moins de 12 ans).
- Plus d’informations sur le site www.ja35.bzh (programme, offres d’emploi, prévente en restauration…) et sur www.lesterresdejim.com.
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