Dans le cadre de sa deuxième année de formation d’ingénieur agronome à l’école AgroParisTech, Matthieu Dailloux a effectué un stage portant sur la promotion de l’apiculture auprès des adhérents de la coopérative Triskalia. Voici son analyse et les pistes de travail pour rapprocher agriculteurs et apiculteurs.
Pendant ses 3 mois de stage au sein de Triskalia, de juin à août 2018, Matthieu Dailloux a rencontré les professionnels de la filière et réalisé des recherches bibliographiques.
État des lieux
La Bretagne est une région qui compte 4 150 apiculteurs, possédant environ 59 000 ruches. À la sortie de l’hiver 2017/2018, des apiculteurs bretons ont perdu de nombreuses colonies. Parmi les causes identifiées, la première citée haut et fort concerne l’impact des pratiques agricoles.
Afin de dresser un constat objectif, nous devons prendre en considération les autres facteurs comme la météo, qui va avoir un impact important sur les ressources alimentaires disponibles pour les abeilles ainsi que les facteurs biologiques. Les abeilles subissent les attaques de bactéries, virus ou parasites (tel le varroa) et, depuis quelques années d’un terrible prédateur, sous les traits du frelon asiatique.
Le métier d’apiculteur a également fortement évolué, passant d’un métier de cueillette où il n’était pas nécessaire d’avoir un suivi sanitaire précis ni de renouveler un cheptel, à un métier technique où l’abeille domestique semble devoir être considérée comme tout autre animal d’élevage.
En tout état de cause, il est indéniable que l’amélioration de la santé des abeilles passera par une maîtrise des pratiques agricoles. Ainsi, la coopérative Triskalia, soucieuse des enjeux environnementaux, notamment dans le cadre de sa démarche d’agro-écologie Planète Positive, s’interroge sur les pistes concrètes d’amélioration de la situation apicole.
L’innovation au service des abeilles
De nombreuses innovations vont dans ce sens. Ainsi, les innovations agronomiques s’attachent particulièrement au développement de la ressource alimentaire mellifère disponible. Cette ressource est indispensable pour le maintien des pollinisateurs.
Les innovations technologiques apportent également leur contribution. Différentes start-up se sont lancées dans l’exploitation de la ruche connectée. Ces ruches peuvent fournir à distance des informations à leur propriétaire. Les plus utilisées sont les balances connectées qui peuvent suivre l’évolution du poids d’une ruche au cours du temps. Triskalia, en lien avec le GIE (Groupe d’intérêt économique) Élevage, a permis le financement de telles balances. D’autres entreprises proposent un service d’installation de ruches dites de bio-surveillance, les abeilles constituant un bon indicateur de la qualité environnementale.
De l’innovation dans la communication entre apiculteurs et agriculteurs voit le jour. Elle peut prendre la forme de label, tel le label européen Bee Friendly qui récompense les produits respectueux de l’abeille, ou bien celle d’outils numériques comme des cartes interactives. Celles-ci, en phase de test, indiqueraient, côté apiculteur les emplacements des ruches afin que les agriculteurs soient avertis de leur proximité tandis que les agriculteurs pourraient notifier l’emplacement de leurs cultures mellifères (colza, sarrasin…). Le bénéfice serait réciproque entre pollinisation et amélioration de production de miel.
L’installation de ruches auprès d’agriculteurs volontaires est une piste en cours de développement à Triskalia, à l’exemple de la coopérative d’aucy qui a engagé des actions de mise en place de ruches dans des parcelles d’agriculteurs adhérents. Cette action est un moyen concret de sensibiliser et d’intéresser la filière agricole aux rôles des pollinisateurs. Les ruches constituent un outil pédagogique intéressant et un apiculteur formé pourrait suivre l’élevage apicole tout en conseillant l’agriculteur volontaire sur ses pratiques. Nos abeilles, petites sentinelles de l’environnement devenant ainsi le trait d’union entre apiculteur et agriculteur.
Florence Mirgon / Triskalia