Azote : La fertilisation vue par drone

Louis-Marie Léopold, agronome à la Chambre d'agriculture. - Illustration Azote : La fertilisation vue par drone
Louis-Marie Léopold, agronome à la Chambre d'agriculture.
Près de 25 % des surfaces bretonnes de colza, d’orge et de blé sont suivies par des outils d’aide à la décision. Parmi ceux-ci, les drones, équipés de capteurs, tirent leur épingle du jeu.

« Nous passons d’une approche prévisionnelle à une approche dynamique ». Louis-Marie Léopold, agronome à la Chambre d’agriculture, évoque la fertilisation azotée des cultures, ajustée avec précision grâce aux outils d’aide à la décision. « La méthode des bilans est fiable, mais avec des limites. Les outils permettent aujourd’hui de remplacer des hypothèses par des données mesurées qui tiennent compte de l’effet année ». La mesure de la biomasse du colza en début février, de l’orge et du blé, respectivement en début et fin avril, permettent d’obtenir un conseil de fertilisation à la parcelle et sur chaque zone. Les enjeux sont d’améliorer les rendements, le taux en protéines des céréales et de limiter l’impact environnemental en réduisant la sur-fertilisation (moins de reliquats).

2 à 4 jours après le survol

La majorité des outils sont basés sur l’analyse de la réflectance mesurée par des capteurs sur appareils piéton (N-Pilot), satellite (Farmstar, Cerelia) ou drone (Mes drone’images, Wanaka…). Le drone n’est pas impacté par la couverture nuageuse. Le survol est effectué à une altitude de 150 m environ pour une vitesse de 70 km/h. Depuis la dernière campagne, le service Mes dron’images* est assuré, pour la partie survol des cultures, par des pilotes de drone professionnels coordonnés directement par la Chambre d’agriculture.

« Ils sont facilement mobilisables et peuvent couvrir l’ensemble de la région aux périodes souhaitées. Ce système de fonctionnement apporte plus de souplesse qu’auparavant. En 2017, la société à laquelle nous déléguions les vols n’était pas intervenue aux bons moments (météo compliquée) ». Trop tard, l’agriculteur a déjà réalisé son apport d’azote ; trop tôt, il peut y avoir un biais dans le conseil…. Le service par drone permet de fournir des cartes précises et fiables 2 à 4 jours après le survol, compatibles avec le matériel d’agriculture de précision.

[caption id= »attachment_37248″ align= »aligncenter » width= »720″]La mesure de l’azote absorbé permet aussi d'observer les éventuels problèmes de l'épandeur. La mesure de l’azote absorbé permet aussi d’observer les éventuels problèmes de l’épandeur.[/caption]

Une sécurité

Le coût est de 10 à 16 €/ha en fonction de la surface à analyser. Une commande minimale de 5 hectares est nécessaire. « Sur huit essais réalisés sur blé en 2016, nous avions un retour de – 20 € à + 50 €. Dans trois situations, il y avait un gain de rendement et un taux de protéines supérieur conduisant à un bénéfice net. Dans trois autres parcelles, le gain de rendement et de protéines était légèrement insuffisant pour couvrir le coût généré par le passage du drone et la fertilisation préconisée d’azote. Le gain économique n’est pas systématique mais l’outil permet d’éviter les situations les plus pénalisantes. C’est une sécurité », assure le conseiller.

Il ne voit qu’une limite, actuellement, au développement de ces nouvelles technologies de précision : l’équipement en matériel dans les fermes. « Des ETA et certaines Cuma commencent à s’équiper. Des capteurs de rendement peuvent s’adapter au matériel existant, sans trop d’investissement, pour aller encore plus loin dans la précision ». À l’image des essais conduits sur la ferme expérimentale de Trévarez, les outils d’aide à la décision pourront également être utilisés pour évaluer la biomasse des prairies, afin de gérer les stocks d’herbe sur pied et optimiser le pâturage.

* Chambres d’agriculture, BCELO et Eilyps, Coopérative Garun-Paysanne.


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