Les lactations de la vache laitière se préparent notamment dans les premiers mois de vie. Cyril Urlande, vétérinaire, revient sur quelques points de vigilance concernant la conduite des jeunes.
« À chaque épisode pathologique chez le veau, la future vache perd du potentiel », a rappelé cet été Cyril Urlande, vétérinaire conseil chez Trikalia, lors d’un Club robot, ces journées rassemblant des éleveurs des territoires équipés d’automates de traite. Rapportant les résultats d’une étude américaine de 2011, il chiffre plus en détail : « Un jour de diarrhée avant l’âge de 2 mois, une diarrhée ou une pneumonie par exemple, c’est ensuite, en moyenne, 126 kg de lait produit en moins par lactation ! »
[caption id= »attachment_37336″ align= »alignright » width= »190″] Cyril Urlande, vétérinaire conseil[/caption]
Devant les producteurs de lait, il poursuit sa démonstration en expliquant que trois jours de diarrhée, selon la bibliographie scientifique, représentent un coût minimal de 200 € en termes de temps passé à soigner, de coût des sachets réhydratants et autres produits et de perte de croissance ou de production ensuite. « Dans certains cas, une fois les germes ciblés et les bonnes pratiques mises en place, il faut parfois s’interroger avec son praticien sur la pertinence d’opter pour un vaccin dont le coût sera, lui, de l’ordre de 10 € par animal… » De la même manière, un épisode de pneumonie se paie aussi plus tard : « -5 % de production en 1re lactation et -10 % sur les suivantes… »
« Pas de lait aux cellules pour les veaux »
Au passage, le conseiller est revenu sur la distribution du lait de vaches en traitement en termes de délai d’attente. « Il est préférable de le jeter. Il y a plus à perdre à le donner aux veaux que vraiment quelque chose à gagner : une étude datant de l’année dernière a montré que l’incidence des diarrhées était multipliée par deux quand on le distribue en phase lactée. » Et d’expliquer que les résidus d’antibiotiques présents dans le lait ont tendance à éliminer chez le veau beaucoup de bactéries intestinales tout en sélectionnant les souches résistantes, y compris pathogènes. « Le risque de dérive de flore est réel. » Pour finir de tordre le cou à certaines pratiques à risque, Cyril Urlande explique que « le lait à leucocytes et / ou à mammites » a tendance à être moins riche en lactose mais plus riche en protéines totales. « Mais attention, à l’arrivée, avec un taux de cellules élevé, le lait est moins nourrissant car en réalité le taux de caséine a diminué et ce sont des protéines inflammatoires, non digérées par le veau, qui sont présentes en nombre. En faveur des diarrhées…»
Enfin, le vétérinaire est revenu sur l’impact des situations de stress de toute nature sur le développement des animaux. Il invite à en prendre conscience, à les identifier sur son exploitation et à les limiter au quotidien en choisissant la bonne conduite. « Le stress alimentaire intervient chez un veau qui a faim ou qui a à disposition un aliment pas adapté. Le stress du changement de logement quand, par exemple, un animal seul dans une niche au soleil est tout à coup placé en groupe dans un grand bâtiment sombre. Le stress hydrique quand il souffre de la soif ou que l’eau proposée n’est pas de bonne qualité. Le stress de l’écornage quand le veau a mal et doit passer sa tête par le cornadis. Le stress du sevrage quand la distribution de lait est arrêtée alors que l’individu ne pèse pas encore 90 kg… »
Pour Cyril Urlande, les éleveurs doivent chercher à éviter toutes ces situations à risque. Et surtout ne jamais cumuler plusieurs stress « Attendre au minimum 15 jours entre chaque stress ou changement importants » au même moment comme le sevrage, l’écornage et la mise en case collective par exemple. « Par contre, il semblerait que vivre en groupe une situation perturbante comme le sevrage est plus simple pour les veaux : ils apprennent les uns des autres et adaptent plus facilement leur comportement au nouveau contexte. »