Les agriculteurs qui avaient misé sur les EGA pour améliorer leur revenu seraient bien inspirés de fouiller dans les archives. On ne compte plus les « Livre blanc » sur l’agriculture qui se sont succédé depuis 30 ans. Et, au fond du carton, les plus perspicaces retrouveront les EGDA de 1983 – cousin germain des EGA – où l’on invitait les agriculteurs à s’exprimer par ce prometteur : « Je dirai ce que j’ai à dire ».
Trente-cinq ans plus tard, on parle encore et on débat toujours. Mais on ne se préoccupe pas assez des agriculteurs, déplore la commission des affaires économiques du Sénat qui a refusé d’adopter le texte issu des EGA au motif que la majorité de l’Assemblée nationale a « oublié l’essentiel » : « Améliorer le revenu agricole. »
On ne peut sans doute pas attribuer au Gouvernement cet « oubli » du premier objectif des EGA. Mais, Emmanuel Macron est rattrapé par la réalité économique. En 2018, le pouvoir d’achat des Français a été grevé par la hausse de la fiscalité, du prix du pétrole… et des produits alimentaires, relève l’Insee. Difficile dans ces conditions de demander au consommateur d’ouvrir davantage son porte-monnaie pour soutenir les agriculteurs. Surtout à l’approche des élections européennes.
Récupérer de la valeur auprès de la restauration hors domicile alors ? « Il faudrait 30 ct de dotation supplémentaire par enfant pour atteindre 50 % de produits alimentaires sous signe de qualité, dont 20 % en bio », calcule Christophe Hébert, président de l’association nationale de la restauration territoriale. « On a atteint là un seuil difficile à passer compte tenu de la baisse des dotations aux collectivités. » Le « pari de l’audace » qui enflamma le lancement des EGA semble bien s’évanouir peu à peu.