Éric Guillou, un entrepreneur de travaux agricoles costarmoricain, a investi l’hiver dernier dans une dameuse pour y installer son épandeur à engrais. L’engin lui permet de fertiliser les parcelles humides sans laisser de traces.
Depuis plusieurs années, Éric Guillou, entrepreneur de travaux agricoles basé à Plouézec (22), envisageait d’investir dans une dameuse pour épandre de l’engrais. « J’ai un peu de terre que je cultive en céréales et c’est très humide. J’ai tout essayé pour éviter d’avoir des ornières : les roues jumelées, les pneus basse pression en 900 mais quand on reste planté nous abîmons une grande partie de la culture. J’ai aussi tenté avec des roues étroites mais je faisais une ornière de petite largeur mais profonde de plus de 80 cm et en bout de champ c’était une catastrophe », raconte l’entrepreneur. Au moment de la moisson, il constatait la même chose chez ses clients ayant des parcelles humides. Éric Guillou a donc décidé d’acheter une dameuse l’hiver dernier.
[caption id= »attachment_37255″ align= »aligncenter » width= »720″] Jean-Pierre Le Calvez, agriculteur ; Éric Guillou, gérant de l’ETA ; Benoît Bidault, chauffeur de l’ETA[/caption]
Une semaine pour modifier l’engin
L’amateur de bonnes affaires s’est mis en quête d’une dameuse en parcourant les petites annonces sur Internet. « J’ai trouvé 2 dameuses tournantes dans une petite station de ski des Vosges qui renouvelait ses engins. Cela me permet d’en avoir une pour les pièces, car trouver des pièces ici à un prix raisonnable est impossible. J’ai acheté le tout 8 000 € et j’ai payé 2 500 € de transport pour les ramener chez moi. » L’épandeur à engrais Vicon équipé du GPS et du DPA (débit proportionnel à l’avancement) a été adapté sur la dameuse. Afin de pouvoir conserver le système de pesée de l’épandeur, la dameuse a été équipée d’un système 3 points comme sur un tracteur. Le train de chenille a été modifié pour passer de 1,7 m à 0,75 m de largeur. La modification du système hydraulique a permis de faire fonctionner l’épandeur. « La machine ne possédant pas de manuel descriptif, nous avons passé une semaine à 2 pour effectuer toutes les modifications », précise Éric Guillou.
[caption id= »attachment_37257″ align= »aligncenter » width= »720″] Afin de conserver le système de pesée de l’épandeur, la dameuse a été équipée d’un système 3 points.[/caption]
Une portée de 100 g/m2
La dameuse d’une puissance de 260 chevaux épand de l’engrais sur une largeur comprise entre 12 et 36 m et pour un coût de prestation compris entre 20 et 25 €/ha. « Sur mon secteur, il y a des terres qui sont mouillées en permanence, je sais qu’il y aura du travail pour la dameuse même avec un hiver clément. Épandre de l’engrais avec cet engin apporte un gain évident au niveau de la structure du sol. Nous pouvons utiliser la dameuse jusqu’au 2e apport d’azote sur céréales si le 1er est effectué assez tôt », explique l’entrepreneur. Il a aussi réalisé des essais sur colza, la culture se couche lors du passage de la dameuse mais elle se relève rapidement ensuite.
Jean-Pierre Le Calvez, agriculteur à Plouha et client de l’ETA Guillou, a testé la dameuse sur ses parcelles de céréales l’hiver dernier. « J’ai 15 ha de terres très humides, la dameuse me permet d’apporter de l’azote beaucoup plus tôt. Je remarque qu’aux endroits où je reste planté tous les ans la dameuse est passée sans problème. » Éric Guillou précise que la dameuse avec l’épandeur chargé en engrais pèse 6 tonnes, sa portée est alors de 120 g/m2. L’entrepreneur envisage d’installer une rampe de pulvérisateur modulable de 15 à 28 m sur la dameuse si les clients souhaitent une prestation de pulvérisation sur les parcelles humides.