Le lait européen et néozélandais reste très dépendant de la météo. Avec la sécheresse, le commissaire Hogan est béni des cieux, estime André Pflimlin, expert auprès de l’European Milk Board (EMB).
« La collecte laitière européenne devrait passer en dessous du haut niveau du dernier trimestre 2017. Et les laiteries ne vont pas tarder à parler de pénurie ». C’est ce que prédit André Pflimlin en rappelant que la collecte laitière de l’Europe du Nord a été fortement impactée par la météo. « Il faut sans doute prévoir une accentuation de la baisse de la collecte dans la plupart de ces pays dans les prochains mois ». Une situation éloignée de ce qui était prévu au début de l’année : production en hausse à la fin de l’hiver dans un marché mondial prévu à la baisse pour la décennie à venir. Mais la météo pèse plus que toute prévision…
Une croissance record freinée net
L’année 2018 pourrait donc se caractériser par un « manque de lait relatif, laissant croire que Hogan avait raison et qu’il a gagné son pari : en suspendant l’intervention sur la poudre de lait écrémé, il a fait des économies sur le budget. Il a même pu vendre une partie des vieux stocks ce printemps (80 000 t) », poursuit André Pflimlin. Et d’estimer que « sans les coups de frein répétés de la météo, la collecte UE aurait pu continuer sur sa lancée de janvier-février et croître de plus de 3 % soit un surplus de 5 millions de tonnes de lait par rapport à 2017, frisant la croissance record de 2014 ». Avec les conséquences immédiates sur le prix du lait à la ferme dans toute l’Europe.
Les éleveurs herbagers payent cash
Malgré la canicule et les prairies grillées dans presque toute l’Europe du nord-ouest y compris la Scandinavie, mais aussi en Allemagne, en Pologne, dans le nord-est de la France, les éleveurs ont réussi à maintenir la production laitière, en achetant des fourrages et davantage de concentré, et /ou en entamant les stocks d’hiver. D’importants achats de paille sont également responsables de la flambée des prix dès le mois d’août notamment dans les îles Britanniques et en Allemagne. « Tout cela entraîne de forts surcoûts d’aliments, mais le prix du lait à la ferme est resté en dessous du prix de 2017 sur toute cette période de mars à août. Il en sera encore de même en septembre d’après les annonces des laiteries ».
Gros risques pour les éleveurs
En confiant le pilotage à la météo, Hogan a pris un très gros risque pour l’ensemble de la filière laitière ; et surtout pour les éleveurs et leur avenir. En refusant d’inscrire la régulation – occasionnelle – il persiste dans sa posture irresponsable, à la recherche de nouveaux marchés à tout prix, sans soucis de la souveraineté alimentaire de ces pays. La réduction volontaire aidée de la collecte laitière de l’automne 2016 a montré que c’était faisable, efficace et peu coûteux… mais la Commission n’en veut pas.André Pflimlin, expert auprès de l’EMB