Depuis des décennies dans le Pays de Redon, le mois d’octobre se clôture avec la Foire Teillouse et la Bogue d’Or où l’on peut déguster les châtaignes en écoutant des chants et musiques traditionnels.
Durant la semaine, les producteurs de châtaignes et marrons – autrement nommés castanéiculteurs – sont venus apporter leur récolte au hangar de Saint-Jean-la-Poterie(56). Dans la convivialité, ils ont patienté avant de voir leurs fruits à la belle robe marron passer dans le calibreur. « Une fois triés, ils sont pesés puis plongés dans de grands bacs d’eau. Les fruits véreux ou pourris remontent à la surface. On appelle cela l’écrémage », explique Hervé Ménager, président du Comité interprofessionnel du marron de Redon.
2,5 tonnes de châtaignes vendues à la Foire Teillouse
« Selon les années, nous avons entre 30 et 50 apporteurs. Certains ont 2-3 châtaigniers, d’autres en cultivent plus de 100. » Le comité vend chaque année environ 2,5 tonnes de châtaignes à l’occasion de la Foire Teillouse, traditionnellement le 4e week-end d’octobre à Redon. Cette foire qui existait déjà au Moyen-Âge sous le nom de Marcelline se tient au moment où les châtaignes atteignent leur maturité. Depuis toujours, le châtaignier apprécie le sol et le micro-climat du Pays de Redon. « Autrefois, les caboteurs emportaient jusqu’à 500 tonnes de marrons du port de Redon jusqu’au pays de Galles et plus loin. »
[caption id= »attachment_37396″ align= »aligncenter » width= »720″] Calibrage des marrons au bâtiment appartenant au comité, à Saint-Jean-la-Poterie.[/caption]
Le Comité du marron de Redon a été créé officiellement en 1971, dans le but d’améliorer la qualité du produit et de mieux structurer sa commercialisation. Un technicien agricole de la Chambre d’agriculture a participé avec les acteurs locaux à l’amélioration de la qualité et la mise au point de variétés greffées comme le Cruaud (un gros marron sucré) ou la Saint-Jean en châtaigne.
« On plante pour ses petits-enfants »
Il faut patienter au moins 10 ans avant qu’un châtaignier donne une belle quantité de fruits. « Au bout de 50 ans, il peut produire 100 kg/an. Il est préférable d’exposer les arbres au sud-est pour éviter les « coups de soleil ». Ils exigent par ailleurs des sols acides, avec de l’eau mais pas en permanence. » À savoir aussi, « quand on plante trois arbres, il faut qu’ils soient de deux variétés différentes, car une même variété ne peut se polliniser elle-même », préconise Hervé Ménager. Les fruits sont ramassés au sol (ils sont alors mûrs), le plus rapidement possible pour éviter que ls vers ne se servent avant nous… « Il faut de bons gants en cuir et un panier. Les gros producteurs utilisent une machine à ramasser les pommes. »
[caption id= »attachment_37394″ align= »aligncenter » width= »720″] Hervé Ménager et Marie-Claire Jégouic, président et vice-présidente du Comité interprofessionnel du marron de Redon, devant un des jeunes châtaigniers plantés par cette dernière.[/caption]
Regroupant une cinquantaine de personnes, l’association organise aussi des démonstrations de greffage, des ventes de variétés locales, des voyages dans des régions fortes productrices comme l’Ardèche… « L’année prochaine, nous fêterons le 50e anniversaire de la Taverne aux marrons. Aujourd’hui, nous avons quatre stands dans la Foire Teillouse où les gens peuvent venir manger des marrons grillés en buvant une bolée de cidre. Des marrons crus, des arbres greffés sont aussi vendus », ajoute Hervé Ménager.
À griller ou cuisiner
Marie-Claire Jegouic, vice-présidente de l’association, a récemment planté des variétés anciennes dans son jardin, qui poussent à côté des abricotiers, pruniers, cerisiers… Elle possède aussi des châtaigniers plus anciens et aime cuisiner leurs fruits, « sous forme de gâteaux, de confitures, de soupes, de délicieuses bouchées au chocolat… ». Marie-Claire Jegouic trouve des recettes dans ses livres de cuisine spécialisés. « J’ai récupéré un carnet datant de 1920 qui appartenait à la grand-mère de mon mari, avec des recettes à l’intérieur que je revisite ». Certes, éplucher les châtaignes demande un peu de temps, mais quelle récompense ensuite…
Les restaurateurs du pays de Redon jouent d’ailleurs le jeu en proposant en octobre des menus mettant à l’honneur les marrons. Cette année, on pourra par exemple déguster une mitonnée d’escargots avec ses châtaignes au curry ou une pizza Teillouse aux marrons et à l’andouille de Guémené…
Chants, musique, concerts pendant La Bogue d’Or
[caption id= »attachment_37397″ align= »aligncenter » width= »720″] La Bogue d’Or propose notamment un concours de musique[/caption]
Aujourd’hui, nous avons en plus une programmation de concerts, un fest-noz », indique Fabienne Mabon, coordinatrice du « Groupement culturel breton des Pays de Vilaine » qui organise notamment la Bogue d’Or (site internet http://www.gcbpv.org/). « Jusqu’en 2008, les deux événements se tenaient dans le centre-ville de Redon, puis la Bogue d’Or a migré dans le quartier du port. Aujourd’hui, tous les deux ans, une vingtaine de voiliers viennent dans le port évoquant le passé maritime de Redon. Ce sera le cas cette année. » Une fête foraine se tient aussi à deux pas de la Foire Teillouse. 20 à 25 000 visiteurs sont attendus les samedi 27 et dimanche 28 octobre à Redon.
Châtaigne ou marron, quelle différence ?
La châtaigne et le marron sont tous les deux les fruits du châtaignier. Il ne faut pas les confondre avec le marron d’Inde, fruit non comestible du marronnier, qui est bien rond et n’a pas comme les deux premiers une petite pointe filandreuse. À la différence du marron comestible, la châtaigne présente une chair blanche cloisonnée par le tan, cette pellicule foncée et astringente. C’est donc en coupant le fruit en deux qu’on peut observer ou pas la pénétration du tan dans l’amande. Ces fruits sans gluten sont source de fibres et de vitamine B9, ils sont pauvres en matières grasses et riches en énergie.